ACCUEIL

ACCUEIL

Ce blog est dédié à l’histoire de l’Empire de Russie, de la guerre civile qui s’y est déroulée, de la « Russie hors frontières » et plus particulièrement à l’histoire de la Marine impériale de Russie et à la généalogie en Russie.

Pavillon impériale de vaisseau.

Si le futur de la Russie est imprévisible, force est de constater que son passé ne l’est pas moins.

La Révolution russe se voulait la victoire éclatante du nouveau monde sur l’ancien. Pourtant, une simple consultation de l’Annuaire statistiques de 1913 révèle que la Russie d’avant la révolution exportait massivement des produits alimentaires — céréales, viande, produits laitiers, œufs — alors même que l’on mourait de faim à Moscou en 1925.

Annuaire statistiques de Russie année 1913

Les écrits de S. G. Stroumiline, économiste et académicien de l’URSS, montrent qu’en 1913, le salaire d’un ouvrier russe, indexé au coût des denrées alimentaires en Russie et aux États-Unis, représentait 85 % de celui d’un ouvrier américain. Ce salaire était supérieur à ceux pratiqués en France, en Angleterre et en Allemagne[1].

Ouvriers de l’usine d’armement de la ville de Votkinsk en armes en 1919 à Tobol (extrait de photo du site https://paris1814.com/mbd/izhevcy )

Une opinion tenace perdure : la contre-révolution serait tsariste. Or, l’un des premiers mouvements à renverser le pouvoir bolchevique à Samara, en juin 1918, fut le KOMOUTCH (Comité des membres de l’Assemblée constituante), principalement composé de socialistes révolutionnaires. À Ijevsk, ce sont les ouvriers de l’usine d’armement qui prirent le pouvoir en août 1918, bientôt rejoints par ceux de Votkinsk, qui se rallièrent ensuite à l’armée de l’amiral Koltchak.

On entend encore aujourd’hui, en Russie comme en France — y compris au sein de l’émigration russe — que les généraux blancs Alexeev et Kornilov étaient tsaristes. Pourtant, cette idée ne résiste pas aux faits : le général Alexeev a au moins passivement contribué à l’abdication du tsar Nicolas II, tandis que Kornilov était partisan de l’Assemblée constituante[2] et opposé au rétablissement du pouvoir de la maison Romanov[3].

L’histoire de la guerre civile et de la révolution bénéficiait en URSS d’une attention particulière. Le tome I de L’Histoire de la guerre civile fut rédigé notamment par les « rédacteurs »  Staline, Gorki, Vorochilov, Molotov et d’autres. Les historiens soviétiques s’écartant des versions officielles furent poursuivis, souvent déportés. Dès 1929, 115 d’entre eux furent accusés par l’OGPU de vouloir renverser le pouvoir et, pour la plupart, déportés.

La peur s’est installée en URSS jusque dans les foyers : de nombreux documents privés furent détruits par leurs propriétaires, craignant que l’on découvre que leur grand-père avait servi dans « l’armée du tsar ».

Dans l’émigration russe, notamment en France, des montagnes de témoignages, mémoires et articles furent rédigés sans censure par les acteurs des événements eux-mêmes. Publiés en très petits tirages, ils n’ont pas connu une large diffusion. Beaucoup ont fini dans les plus grandes archives du monde… les poubelles. C’est le cas, par exemple, de la bibliothèque de la maison de retraite de l’Union des invalides de guerre russes de Montmorency.

La Marine impériale de Russie fut particulièrement malmenée par la révolution de février. Une centaine d’officiers de la flotte de la mer Baltique fut massacrés. Les officiers mariniers supérieurs ne furent pas épargnés non plus. Des centaines d’officiers furent arrêtés, emprisonnés ou mis à la retraite. Environ soixante officiers de la flotte de la mer Noire furent massacrés après la « révolution » d’octobre.

De nombreuses zones d’ombre subsistent, notamment celle de la volonté de Trotsky de saborder la flotte de la mer Baltique à Helsingfors[4] et d’organiser l’exécution du capitaine de vaisseau Schastnyï. Ce dernier avait sauvé la flotte en organisant son transfert vers Kronstadt et Petrograd alors que la mer n’était pas navigable en raison des glaces. Trotsky et Lénine ordonnèrent également le sabordage de la flotte transférée de Sébastopol à Novorossiïsk, alors qu’elle n’était pas menacée.

Pourquoi ce blog ?

Parce que les chiffres, les archives, les mémoires reléguées dans les fonds de tiroir ou les bibliothèques abandonnées révèlent souvent une autre version des faits.

Ce blog est une quête : celle de redonner voix aux témoins de l’histoire russe du XXᵉ siècle, de la révolution, de la guerre civile, de l’émigration. La lutte contre les dogmes officiels, ce qui fut censuré, détruit ou oublié y retrouve place.

Ce que vous trouverez ici : 

Des récits documentés, basés sur des sources méconnues ou négligées 

Des analyses critiques sur les idées reçues autour de la révolution

Des témoignages exhumés de l’émigration russe, parfois sauvés de l’oubli 

Ce blog s’adresse à tous ceux qui veulent comprendre, débattre, découvrir ce que l’Histoire a oublié — sans dogmatisme, mais avec exigence et curiosité.

Bienvenue dans l’ombre portée de l’Histoire de la Russie !


[1] Académicien C. G. Stroumiline Descriptif de l’histoire de l’économie de la Russie et de l’URSS, Edition Naouka, Moscou 1955, pages 95 et 96.

[2] Le général Kornilov, fédérateur, restait discret sur ses opinions politiques mais il les dévoila au général Denikine qui les décrits dans Essais sur les temps troubles de Russie Chapitre XXXIV (Очерки русской смуты)

[3] Ibid

[4] Helsinki