LE PAVILLON DE SAINT-ANDRÉ
Nous ne savons qui mieux qu’Alexandre Vladimirovitch Plotto pouvait parler du drapeau de Saint André, c’est pourquoi, nous plaçons ici, un extrait de son livre « Au service du pavillon de Saint-André ».
« Ce pavillon fut créé par Pierre le Grand. Le symbole pour la Marine d’un pavillon blanc surchargé d’une croix bleue constituée par deux diagonales n’a été officialisé sur les navires que relativement tard (1703), après la constitution par cet Empereur de la Marine militaire “régulière” (1696) et après diverses tentatives de mise en place d’autres pavillons (tricolore à bandes horizontales rouge, blanche, bleue ; blanc avec croix bleue droite, tricolore à bandes blanche, bleue, rouge, etc.). Le choix d’une croix à branches diagonales semble avoir été guidé par la création du premier grand Ordre russe ” l’Ordre de Saint-André l’Apôtre” – ce saint, considéré comme le Patron de la Terre russe, ayant été crucifié sur une croix en X. La couleur, bleue sur fond blanc (alors qu’elle est blanche sur fond bleu dans l’Union Jack de la Grande-Bretagne qui réunit les croix de Saint-André d’Ecosse, de Saint-Patrick d’Irlande et de Saint-Georges d’Angleterre) est expliquée par la légende suivante: Pierre, cherchant un dessin de pavillon à créer pour sa Marine et veillant tard la nuit dans sa petite maison d’Arkhangelsk, après avoir tracé différentes esquisses, s’assoupit à sa table de travail sur une feuille blanche; il releva sa tête, le matin, sous la caresse du soleil levant, dont les rayons, passant a travers les aiguilles de givre formé sur le mica de la fenêtre, dessinaient sur la feuille blanche l’apparence d’une croix d’un bleu très clair; il accepta ce dessin comme une suggestion venue d’En Haut. Cette croix a branches diagonales bleu clair fut d’abord intégrée en superposition dans les pavillons existants (blanc, bleu, rouge), puis dans un rectangle blanc placé dans le coin supérieur des pavillons distinctifs des éléments d’une escadre – bleu pour l’avant-garde, blanc pour le corps de bataille, rouge pour l’arrière-garde. Ce n’est qu’en 1710 que le pavillon fut unifié sous la forme d’un rectangle blanc orné d’une croix en X bleue plaquée au milieu du rectangle; la croix bleue en sautoir dont les branches viennent s’appuyer dans les angles du rectangle blanc ne devint officielle qu’en 1712.
Cette dernière version définitive dura jusqu’en 1917 lorsque la Révolution le remplaça par un drapeau rouge. Il fut de nouveau hissé sur les bâtiments qui rallièrent les Forces Blanches dans la lutte antibolchevique et
subsista sur les unités qui se réfugièrent à Bizerte après l’évacuation de Crimée en novembre 1920. Il fut définitivement amené le 30 octobre 1924 sur ces unités après que le gouvernement français ait reconnu le nouvel Etat soviétique.
Il a été repris pour ses Forces navales (1992) par la Fédération de Russie après la chute du pouvoir soviétique.
La dénomination russe de ce drapeau est tout simplement “pavillon d’André” (Andréïèvskiï flag). En toute rigueur, il faudrait le désigner par “pavillon à la Croix de Saint-André”. Sans aller jusque-là, il a été jugé plus
approprié de traduire “pavillon d’André”, comme il est désigné en Russie, par “pavillon de Saint-André” car dans les lèvres de tout Russe – plus ou moins proche de la Marine – qui prononce cette dénomination il se
fait toujours sentir une certaine connotation de religiosité.
A. V. PLOTTO »