L’ESCADRE RUSSE A BIZERTE. CHRONIQUE 1922.

L’ESCADRE RUSSE A BIZERTE. CHRONIQUE 1922.

Un chapitre du “Chemin de croix des officiers de la Marine Impériale de Russie”.

Nos remerciements à I. KUTTLEIN, petite fille du colonel en l’amirauté A. A. POZNIAK, pour la correction des textes.

L’année 1922 commença sous de meilleurs hospices que l’année 1921 grâce à la discipline et à l’organisation mise en place. Les navires furent remis en état, une école fut ouverte pour les enfants du personnel de l’escadre sur le Guéorgui Pobédonnossets et les familles des officiers de l’escadre furent logées sur ce dernier.1Un descriptif de la vie à bord du Gueorgui ainsi que de l’école figurent dans les souvenirs d’enfance d’Anastasia Chirinskaya, dans un ouvrage édité en russe et en français « Bizerte. La dernière escale. » écrit avec talent.

Quelques enseignants et officiers ainsi que les élèves de l’école à bord du Guéorgui pour les enfants des officiers (Collection A. V. Plotto).

Les rations destinées au personnel de l’escadre et à leurs familles étaient suffisantes.

Les rapports avec les autorités françaises qui ne s’ingéraient pas dans la vie de l’escadre étaient le plus souvent bons bien qu’il y ait eu quelques incidents.

Le 27 janvier 1922, le préfet maritime demanda par lettre 2Lettre secrète N° 120 de réduire les effectifs de l’escadre à hauteur de 311 personnes et de prendre des dispositions supplémentaires pour le 1er avril 1922 pour réduire les dépenses. 

Le 4 février 1922, le préfet précisa les mesures à prendre 3Ordre N° 567 concernant les 400 personnes en surnombre et mentionna qu’au fur et à mesure de l’avancement des travaux de préparation des navires, le personnel en surnombre devra être évacué au camp de Nador et les frais pour son entretien devra être imputé au compte russe et ceci jusqu’au 1er avril 1922 date à laquelle le personnel devra trouver le moyen de vivre de façon indépendante.

Les effectifs prévus étaient insuffisants pour le maintien des navires en état et les travaux en cale sèche ainsi que la préparation des navires pour la longue conservation devaient être terminés au 1er avril. A fin mars 1922 la plupart des navires furent carénés avec une couche de peinture sous-marine à l’exception des remorqueurs. Une seule couche était insuffisante.

Au 1er avril 66 personnes supplémentaires furent toutefois conservées dans l’escadre sur initiative russe. Les rations n’étaient pas prévues pour ces dernières et on les nourrissait en prélevant sur les rations des autres.

Des travaux urgents restaient à effectuer comme la vérification de la stabilité chimique des munitions.

Début 1922, le nombre de personnes à bord des navires décroissait du fait des départs volontaires. A partir de mai 1922, le nombre de personnes à bord des navires fut inférieur aux limites fixées par les autorités françaises,  le gardiennage était assuré, mais des travaux d’entretien importants ne purent plus être envisagés.

Le 10 mai 1922, le préfet maritime transmit dans une lettre confidentielle 4Lettre 146 D du 10 mai les instructions reçues du ministère de la Marine français concernant la réduction des frais et demanda à recevoir en retour les considérations de l’amiral Berens pour les mettre en place. Cette lettre était inquiétante puisqu’elle mentionnait la fermeture de l’École navale au 1er janvier 1923 ainsi que la réduction du nombre d’occupants du Guéorgui Pobedonossets jugé excessif. Il s’avéra que le nombre d’occupants du « Guéorgui » de 46 officiers et sous-officiers tel qu’évoqué par le ministère français était erroné. Il s’agissait en réalité de 30. Il s’avéra également que la fermeture de l’École navale envisagée par le ministère était fictive et qu’il s’agissait en réalité seulement  d’un « habillage » qui consistait à nommer l’École navale, orphelinat, ce qui ne posait bien entendu, aucun problème aux Russes et c’est ainsi que les listes mentionnèrent un âge fictif pour les élèves puisque les élèves de plus de 18 ans ne pouvaient rester à l’orphelinat.

Pour l’Ecole navale, l’achèvement des études des 181 gardes-marine des trois premières sections  fut préconisé aux dates suivantes :

Section 1 : 1 er mars 1922.

Section 2 : 1 er juillet 1922.

Section 3 : 1 er novembre 1922.

La réduction du personnel de l’Ecole navale devait être proportionnelle au nombre des gardes-marine ayant achevé les études.

Des cours de français furent organisés par le résident français en Tunisie.

Pour le  Guéorgui Pobédonossets, les frais devaient être réduits pour les groupes autorisés à y vivre suivants :

a) Les femmes et les enfants sans domicile,

b) Les femmes et enfants des officiers qui avaient une occupation sur place,

c) Les Russes d’un âge avancé et qui étaient dans l’incapacité de travailler,

d) Les personnes autorisées à y vivre.

La réduction du personnel du navire devait être proportionnelle à la réduction du nombre de personnes vivant sur le Guéorgui Pobédonossets.

Document ordonnant l’admission à bord du Guéorgui du général-lieutenant Ogloblinsky et de sa famille (Collection Marianne Rampelberg, petite-fille du général)

Il était précisé dans la lettre que la mise en place de ces dispositions devait être effectuée dans l’intérêt commun et que le Contrôleur Civil apporterait par l’intermédiaire du Bureau russe une aide à l’installation des personnes déplacées.

Suite à ces prescriptions, le Commandant par intérim de l’escadre définit le 11 février 1922 dans son ordre N° 43 les quotas de l’escadre par navire au 1-er avril 1922 :

Effectifs prescrits par la commandant par intérim.

N’était pas compris dans ce quota :

L’équipage du navire-école Moriak (ex-Svoboda) qui faisait partie de  l’Ecole navale et l’équipage du Guéorgui Pobedonossets sur lequel vivaient les familles des officiers.

Au 1er avril, l’amiral Berens informa le préfet maritime Varney que les prescriptions des autorités françaises étaient mises en œuvre dans les délais fixés aussi bien pour les effectifs que pour la préparation des navires.5lettre N° 45

Avec les effectifs prescrits, on ne pouvait effectuer ni les cours de formation ni certains travaux courants sur les navires et seul l’entretien était assuré comme le maintien de la propreté, les travaux de peinture ou de protection contre la rouille et il fallut se résoudre à constater que l’on ne pouvait effectuer que le gardiennage.

En avril/mai 1922, la région de Bizerte fut frappée par la sécheresse. Par ailleurs, l’enveloppe budgétaire attribuée à la région notamment pour les travaux publics fut en nette diminution. Les offres d’emploi des principaux employeurs, les agriculteurs et les travaux publiques, se firent plus rares et de nombreux réfugiés perdirent leur emploi et retournèrent dans les camps, mais ne recevant plus de rations devinrent une charge pour les autres.

En juin/juillet 1922, le nombre de départs fut significatif et  450 personnes furent rayées des listes de réfugiés assistés et presque tous rejoignirent la France en raison de l’impossibilité à trouver du travail à Bizerte.

En juillet 1922, le préfet maritime Varney fut remplacé par  le contre-amiral Exelmans qui prit sa fonction le 23 juillet 1923 et rendit visite à l’amiral Berens sur le Derzki dès sa prise de fonction.

L’état-major de l’escadre obtint qu’environ 150 places gratuites (y compris la nourriture gratuite) soient prévues sur chaque cargo de la Marine de guerre française en partance pour Marseille puis à partir de janvier 1923, sur les navires de la Cie Transatlantique. Toutefois, de nombreux réfugiés payaient le voyage. Les passeports furent délivrés gracieusement par le Bureau russe du Contrôle civil de Bizerte sur présentation d’une offre d’emploi d’un employeur français.

Cette mesure resta en vigueur jusqu’à mars 1923.

Au 1er août 1922, 500 personnes partirent pour la France et il ne resta en Tunisie que 1800 réfugiés et marins russes.

45 personnes partirent en décembre 1922.

D’août à octobre 1922, les effectifs continuèrent à diminuer du fait d’offres d’emploi reçues de France.

Le capitaine de vaisseau Dmitrieff obtint que des uniformes d’hiver de la Marine française fussent distribués aux officiers et aux grades subalternes.6Ordre N° 243 du 7 octobre

En septembre 1922, les grèves en France dans le transport maritime et tout particulièrement à Marseille prirent des dimensions inquiétantes et le 24 septembre 1922 le ministre de la Marine s’enquit auprès du préfet maritime si des navires capables de transporter passagers et marchandises pouvaient prendre la mer rapidement. Cette demande fut répercutée à l’état-major de l’Escadre qui répondit que le Yakout correspondait bien à cette demande. La Direction principale française de la flotte marchande  demanda le 2 octobre7Télégramme 63562 de prendre toutes les mesures pour la préparation du Yakout et de prévoir un second équipage destiné à un second navire de la flotte commerciale russe et d’attendre le feu vert du ministère de la Marine. Les marins russes souhaitaient montrer leur reconnaissance à la France qui les accueillait et mettaient un point d’honneur à préparer le Yakout avec célérité et malgré le manque d’hommes, 60 personnes furent détachées pour cette mission. Le Yakout fut prêt le 6 octobre, mais le 7 octobre la mission du Yakout fut annulée. Le coût des préparatifs du navire ne fut réglé par les Français que bien plus tard, en 1924.

La grève eut pour effet l’annulation du monopole du drapeau français sur les lignes entre la France et l’Afrique du nord, les navires du ROPIT8Compagnie russe de navigation et de commerce, en russe : Русское общество пароходства и торговли ou ROPiT, russe : РОПиТ, d’Odessa. Il s’agit de l’une des plus grandes compagnies de paquebots de la Russie impériale. Après l’évacuation de Crimée, plusieurs navires, des paquebots et des cargos, rejoignirent Marseille. Un administrateur provisoire fut nommé qui assura l’exploitation des navires « avec le concours individuel de chaque capitaine et le collaboration de l’amiral » (Kanine) sous drapeau français. De source russe, sous drapeau russe. La compagnie ne fut liquidée qu’en 1928. furent mis à contribution sous drapeau russe et avec des équipages russes.

Le 11 octobre 1922, le préfet maritime adressa ses remerciements au commandant par intérim de l’escadre dans une lettre. 9N° 25 D. Il mentionna également l’excellente impression qu’il avait eue de sa visite de L’Ecole navale.

A partir du premier octobre, les effectifs de l’escadre se réduisirent encore du fait des départs volontaires, mais ceci permit d’augmenter les salaires de l’escadre.

Un tableau secret des effectifs, afin que les Français n’en profitent pas pour réduire les salaires, fut établi.

Tableau secret des effectifs de l’escadre.

L’affaire Zankevitch. La vente des munitions de l’escadre.

Le 11 octobre 1922, Monsieur Zankevitch, qui se présenta en qualité d’ex-général-lieutenant,[8] représentant de la société commerciale, La société d’exploitation des réserves, dont l’activité était la vente de matériel russe, se rendit sur le contre-torpilleur Derzkiï, où était situé l’état-major de l’escadre.

Colonel Zankevitch (par la suite général major)

Monsieur Zankevitch expliqua qu’il était chef d’état-major avant la révolution, dernier commandant du corps expéditionnaire russe en France et dernier chef d’état-major de l’amiral Koltchak, mais personne n’avait entendu parler de lui.10Un général-major et non un général-lieutenant, Mikhail Ippolitovitch Zankevitch, avait pourtant bien existé et il avait bien occupé les fonctions évoquées. Son train de vie suscitait quelques étonnements. Les doutes étaient par ailleurs partagés par les militaires français.

Monsieur Zankevitch informa l’état-major qu’il était venu à Bizerte pour examiner les munitions de l’escadre entreposées dans l’arsenal de Sidi Abdallah et qu’il se proposait de les vendre à l’Estonie. Il faut préciser que L’Estonie, pays indépendant à cette date, possédait deux contre-torpilleurs, le Spartak et l’Avtroil, pris aux Soviétique par les Anglais suite à l’opération navale calamiteuse du membre du Soviet Raskolnikoff et donnés à l’Estonie par les Anglais. L’Estonie disposait également de pièces d’artillerie russes récupérées lors de la défaite de l’Armée blanche du nord-est du général Youdenitch ainsi que de batteries côtières de l’ex-Empire russe situées sur le territoire estonien.

L’amiral Berens reçut Monsieur Zankevitch et lui demanda s’il avait un mandat du général Wrangel, Zankevitch répondit qu’il n’en avait pas besoin et qu’il avait affaire aux autorités françaises et effectivement, les autorités françaises locales le soutenaient, mais mollement,11D’aprés le CR de l’escadre sans grand enthousiasme.

(Collection A. V. PLotto)

Monsieur Zankevitch demanda au commandant par intérim que l’escadre prépare et conditionne les munitions jusqu’à 120 mm ce qui lui fut refusé, bien qu’il était prêt à faire appel au personnel russe qu’il se proposait de rémunérer généreusement. Quelques Russes se mirent au travail en dehors du cadre de l’escadre. Un peu plus tard, les Russes apprirent avec étonnement que Monsieur Zankewitch s’était également adressé aux Français pour obtenir des renseignements concernant les obus de 130 mm et le brise-glace Illia Mouromets mais que les Français avaient refusé de donner, sans ordres ou instructions de Paris.

Le 22 octobre 1922 le  commandant par intérim émit un ordre12N° 261dans lequel il informa le personnel de l’escadre que Monsieur Zankevitch collectait des informations concernant les navires afin de les proposer à la vente et qu’il proposait de ne pas donner accès aux navires ni de coopérer. Suite à cet ordre, le personnel travaillant pour Monsieur Zankevitch arrêta le travail.

(Collection A. V. Plotto)

Monsieur Zankevitch informé de cet ordre, en retour, menaça de transmettre cet ordre au conseil d’honneur des officiers d’état-major.

Lorsque Monsieur Zankevitch demanda à recevoir des informations concernant le cargo Dobytcha, l’amiral Berens refusa, mais le préfet expliqua dans une lettre qu’il considérait que le commandant par intérim n’était pas en droit de refuser les demandes concernant le cargo Dobytcha et que dans ce cas précis, il n’était pas question de vendre un navire de guerre de l’escadre. L’amiral Berens accepta de communiquer des renseignements sous réserve que Monsieur Zankevitch vienne les recevoir en mains propres. Entre-temps, grâce à l’aide française Monsieur Zankevitch put visiter le brise-glace Illia Mourometz et le Tchernomore le 14 novembre. Il demanda quelle épaisseur de glace pouvait briser le Tchernomore. Lorsqu’on expliqua que le Tchernomore n’était pas un brise-glace, il s’intéressa au brise-glace armé Vsadnik, mais l’accès lui fut refusé par le commandant du navire.

L’état-major de l’escadre considérait que le comportement de Monsieur Zankevitch ne correspondait pas à celui d’un officier russe puisqu’il cherchait à prendre avantage de la situation dans laquelle se trouvait l’Escadre russe et à agir par l’intermédiaire des Français. Les Russes reconnaissaient toutefois qu’un conflit avait été évité grâce au comportement des plus correct du commandement français.

Monsieur Zankevitch ne se présenta plus puis disparut comme il était venu le 27 novembre.

Il faut préciser que Monsieur Zankevitch se plaignit par écrit à l’amiral Nikolia d’avoir été abordé le 18 novembre par trois officiers de la marine qui lui firent quelques recommandations énergiques et non-équivoques notamment celle de partir et que dans le cas contraire il s’exposait à de graves ennuis.

En octobre 1922, des munitions d’artillerie furent vendues par la France à l’Estonie par l’intermédiaire de Monsieur Zankevitch.

 Le 31 janvier 1923, le Préfet Maritime informa par lettre13N° 94 D l’état-major de l’Escadre que les obus de 130 mm en quantité de 750 et de 12 pouces en quantité de 160 furent vendus par l’intermédiaire de « La société d’exploitation des réserves»

LA VENTE DES NAVIRES AUXILIAIRES.

Le 16 février 1922, le pétrolier Bakou qui se trouvait à Sidi Abdallah fut transféré à la Marine française sur demande des autorités françaises et son équipage fut débarqué dans le camp de Nador à l’exception du commandant, du chef mécanicien et d’un matelot. L’équipage russe fut remplacé par 3 maîtres français et par des matelots maghrébins. Ce navire fut rebaptisé Loire par la suite et utilisé en qualité de transport pétrolier par la Marine française, puis il fut transformé en citerne à Brest en 1932. En 1933, il fut affecté à Alger où il fut mis en vente pour démolition le 20 décembre 1946.

Le cargo Don 14Considéré comme navire auxiliaire par les Russesfut vendu par les Français aux Italiens et quitta Bizerte le 6 mai 1922.

Le cargo (transport) Don (Collection A. V. Plotto)

Le 2 décembre 1922, l’amiral Berens reçut une lettre du Préfet Maritime15N°52 D qui mentionnait que le Ministre de la marine, en accord avec le ministère des Affaires Etrangères, informait le préfet qu’il se proposait de vendre les navires auxiliaires au crédit du compte de liquidation des avoirs du général Wrangel afin de couvrir les frais occasionnés par l’entretien des réfugiés et que dans ces conditions, il fallait faire preuve de collaboration lorsque des acheteurs se présentaient pour prendre connaissance de  l’état des navires.

Le préfet demanda également à ce que le commandant du Dobytcha accepte de donner des informations à un agent chargé d’affréter les navires pour le compte d’une société italienne. Le 5 décembre, le préfet demanda d’autoriser la visite du Dobytcha par une société marseillaise et le 12 décembre16Lettre 57 Dpar la société Gazzolo basée à Vienne. Le 14 décembre, l’amiral Berens reçut une copie d’un télégramme du Ministère de la Marine17Lettre  8252adressé au préfet dans lequel on exposait la procédure de transmission du navire. Enfin, le 16 décembre 1922, le préfet informa18Ordre N° 239l’amiral Berens de la vente du Dobytcha à la société Italienne Gazzolo. Le navire fut préparé et transmit le 21 décembre 1922 malgré les désagréments causés puisque la transmission obligeait à transborder le contenu du cargo dont le charbon dans l’urgence sur le Straj et le Grozny, utilisés en qualité d’entrepôt de l’escadre. De plus, le Dobytcha alimentait plusieurs navires en électricité et en vapeur.

Le cargo quitta Bizerte le 7 janvier 1923 et fut vendu pour 250 000 F.

Le 21 décembre 1922, le préfet demanda par écrit 19Lettre 62 D et 63 Dà l’amiral Berens d’autoriser la visite d’autres navires auxiliaires, du Djiguit, du Vsadnik, du Golland, du Yakout,  du Gaïdamak et du Kitoboï,  par la société commerciale « Douglas et Partners » de Marseille. Le 30 décembre 1922 le préfet transmit une liste de dix navires 20Lettre N° 75 Ddestinés à la vente. Il s’agissait du Kitoboï, du Gaïdamak, de l’Illia Mourometz,  du Djiguit,  du Tchernomore, du Golland, du Vsadnik, ainsi que des canonnières Straj et Groznyï. S’agissant des deux derniers, il était question de cas discutables puisque les canonnières n’entraient pas dans la catégorie de navires auxiliaires, avaient appartenu à la Marine de guerre russe et la vente de ces deux navires suscita des protestations, mais le ministère de la Marine ne changea pas ses plans. Il faut préciser que les navires ne devaient être transmis aux acheteurs qu’une fois désarmés.

Parmi les faits marquant de l’année on note que le 29 août 1922 le lieutenant Oulazovski sauva deux militaires français de la noyade et il fut décoré par les Français de la médaille en argent des sauveteurs.


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    Un descriptif de la vie à bord du Gueorgui ainsi que de l’école figurent dans les souvenirs d’enfance d’Anastasia Chirinskaya, dans un ouvrage édité en russe et en français « Bizerte. La dernière escale. » écrit avec talent.
  • 2
    Lettre secrète N° 120
  • 3
    Ordre N° 567
  • 4
    Lettre 146 D du 10 mai
  • 5
    lettre N° 45
  • 6
    Ordre N° 243 du 7 octobre
  • 7
    Télégramme 63562
  • 8
    Compagnie russe de navigation et de commerce, en russe : Русское общество пароходства и торговли ou ROPiT, russe : РОПиТ, d’Odessa. Il s’agit de l’une des plus grandes compagnies de paquebots de la Russie impériale. Après l’évacuation de Crimée, plusieurs navires, des paquebots et des cargos, rejoignirent Marseille. Un administrateur provisoire fut nommé qui assura l’exploitation des navires « avec le concours individuel de chaque capitaine et le collaboration de l’amiral » (Kanine) sous drapeau français. De source russe, sous drapeau russe. La compagnie ne fut liquidée qu’en 1928.
  • 9
    N° 25 D
  • 10
    Un général-major et non un général-lieutenant, Mikhail Ippolitovitch Zankevitch, avait pourtant bien existé et il avait bien occupé les fonctions évoquées.
  • 11
    D’aprés le CR de l’escadre
  • 12
    N° 261
  • 13
    N° 94 D
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    Considéré comme navire auxiliaire par les Russes
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    N°52 D
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    Lettre 57 D
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    Lettre  8252
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    Ordre N° 239
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    Lettre 62 D et 63 D
  • 20
    Lettre N° 75 D

One thought on “L’ESCADRE RUSSE A BIZERTE. CHRONIQUE 1922.

  1. 1922, ceux qui partaient, ceux qui restaient encore… atmosphère de fin d’époque..
    Intéressante photo des élèves et enseignants sur le Guéorgui avec leurs noms …

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