L’OFFENSIVE WRANGEL. LE DEBARQUEMENT DE KIRILLOVKA (SECOND CORPS D’ARMEE.)

L’OFFENSIVE WRANGEL. LE DEBARQUEMENT DE KIRILLOVKA (SECOND CORPS D’ARMEE.)

Le 17 avril 1920, avant de quitter définitivement son poste de commandant en chef des Forces Armées de sud de la Russie1 (par la suite FASR) après la catastrophique évacuation de Novorossiïsk pour se réfugier en Crimée,  le Général Dénikine2 donna l’ordre d’organiser une réunion du Conseil de guerre à Sébastopol sous la présidence du général Dragomiroff, à partir du 3 avril 1920,  pour l’élection du commandant en chef des Forces Armées de sud de la Russie. Participaient à ce conseil les généraux Wrangel3, Bogaevsky, Oulagaï, Schilling, Pokrovski, Borovski, Efimoff, Youzevitch, Toporkoff, le commandant du Corps des Volontaires Koutepoff4, le commandant du Corps de Crimée, Slachtcheff5, pour les cosaques du Don, Sidorine et Keltchevsky,  les commandants des forteresses et d’autres officiers. Le Général Wrangel fut élu commandant en chef des FASR. Ce choix fut confirmée par le dernier ordre du général Dénikine.6

Le général Wrangel

La situation n’était guère favorable. Non seulement le matériel lourd et les chevaux furent laissé sur place à Novorossiisk, mais les relations entre cosaques et armée régulière se détériorèrent, les cosaques accusant le général Koutepoff d’avoir favorisé l’évacuation à Novorossiïsk de l’armée régulière au détriment des leurs. Il est vrai que le général Koutepoff, ne pouvant évacuer tout le monde favorisait les troupes aptes au combat alors que les troupes cosaques du Kouban désertaient en nombre et les cosaques du Don, de l’aveu même de leur commandant le général Sidorine, n’étaient plus aptes au combat. La ligne de défense de l’isthme de Crimée (appelée Perekope), était tenue par des troupe blanches de quelques milliers d’hommes seulement qui faisait face aux troupes rouges supérieures en nombre. Les troupes blanches du Perekope étaient commandées par le fantasque général Slachtchoff qui faisait preuve de ténacité, de courage et d’inventivité. En reconnaissance, il fut appelé Slachtchoff-Krymskiï (Slachtchoff de Crimée) avec l’accord du général Wrangel.

Général Slachtcheff

La flotte blanche dominait la mer Noire et les Rouges ne pouvaient rien opposer au dreadnought Guénéral Alexeev, ni au croiseur Guénéral Korniloff, ni même aux contre-torpilleurs de la classe Novik. Il y avait bien quelques sous-marins démontés à Nikolaïeff de type AG mais leur assemblage ne pouvait s’effectuer rapidement. La flotte blanche contrôlait également la mer d’Azov mais la faible profondeur du détroit de Kertch ne permettait pas aux unités blanches importantes de le franchir. Les efforts de la marine rouge se portèrent principalement sur la mer d’Azov et les rouges travaillaient d’arrache-pied pour constituer une flotte capable d’affronter la flotte blanche constituée de petits navires et de canonnières le plus souvent improvisées.

Une première opération de débarquement eut lieu à Kirillovka dans la nuit du 30 au 31 mars 1920, à l’initiative du général Slachtcheff.

Cette opération fut préparée par l’état-major du groupe de navires de la mer d’Azov. Celui-ci estima que le lieu le plus approprié pour mener une telle action se trouvait à proximité du village de Kirillovka, pour plusieurs raisons : les troupes débarquées pouvaient frapper à la fois les arrières des forces rouges positionnées à Novo-Alekseevka, ainsi que leur base principale située à Melitopol ; la berge ne présentait aucun obstacle au tir d’artillerie depuis la mer ; elle était sablonneuse et l’accostage ne posait pas de difficulté ; enfin, sur la gauche s’étendait une presqu’île permettant un repli et un éventuel réembarquement sous la protection de l’artillerie navale.

L’état-major du groupe de navires de la mer d’Azov proposa le débarquement de troupes importantes, accompagné d’une offensive simultanée des forces blanches de Crimée. Toutefois, en raison de difficultés sur le front, seuls les régiments Alexeevski et Samourski furent engagés, avec deux canons. L’objectif principal du débarquement était de saboter la voie ferrée à Akimovka, puis de réembarquer. Profitant de cette diversion, les troupes du général Slachtcheff, stationnées près de la gare de Taganache, devaient lancer une offensive et s’emparer du village de Salkovo.

Carte éditée en 1919.
Débarquement : 1 : Kirillovka, 2 : Davidovka, 3 : Atmanaï, 4 : Youzkoul, 5 : Guénitchesk, 6 : Flèche d’Arabatsk.
Troupes du Général Slachtcheff : 7 : Gare de Taganache, 8 : presqu’île de Tchongarsk, 9 : Salkovo

Les brise-glaces armés Gaïdamak, Vsadnik, les canonnières Straj et Groznyï, participèrent à l’opération, accompagnés de plusieurs remorqueurs et de deux grandes barges. En raison du manque d’expérience en matière de débarquement et n’ayant pas de cavalerie, les troupes ne purent intervenir rapidement sur la voie ferrée. Elles se déplacèrent alors le long de la berge vers Davidovka, Atmanaï, Youzkoul et Guénitchesk, où elles subirent de lourdes pertes — environ 80 morts et disparus — et furent contraintes de battre en retraite vers la flèche d’Arabatsk.

En revanche, les troupes du général Slachtcheff prirent Salkovo ainsi que toute la presqu’île de Tchongarsk sans grande difficulté.

Si l’opération de débarquement ne fut pas un franc succès sur le plan militaire, la diversion fonctionna, et surtout, elle constitua une première expérience en vue d’une opération de grande envergure au même endroit.

La flotte blanche de la mer Noire et de la mer d’Azov ne disposait pas de service de renseignement et il devint urgent d’effectuer un état des lieus des principaux ports du détroit de Taganrog, à savoir les ports de Marioupol, Eïsk et Taganrog pour évaluer les forces maritimes rouges. La date choisie pour cette opération fut le 1-er mai, journée fêtée et par conséquent particulièrement arrosée par les rouges et la canonnière Straj, le  brise-glace armé Vsadnik et la vedette armée Nicolas Pachitch canonnèrent le port et la gare de Marioupol.

Port de Marioupol (Plan de 1902)

Puis, la vedette Nicolas Pachitch pénétra dans le port et arraisonna 2 navires dont l’aviso Respoublikanets armé de deux canons de 47 mm et une goélette à vapeur, Sofia, en cours d’armement. De peur d’atteindre la vedette Nicolas Pachitch,  le Straj et le Vsadnik arrêtèrent le feu  et les rouges en profitèrent pour prendre position sur les moles et tirèrent sur la vedette de toute part. Le Nicolas Pachitch était un petit navire faiblement armé d’une mitrailleuse et d’un canon de 3 pouces, avec un équipage de 5 hommes. Le canon cessa de fonctionner dès les premiers tirs. L’équipage de 5 hommes pris le Respoublikanets en remorque mais il a fallu se résoudre à abandonner la goélette à vapeur. Aucune perte ne fut à déplorer. La visite de Taganrog ne put être effectuée en raison de la faible profondeur7 et celle d’Eisk permis de constater qu’il n’y avait aucun navire rouge. Cette opération permis de constater que les Rouge ne disposait quasiment pas de force marine8. Les blancs étaient par conséquent maîtres de la mer d’Azov mais cela ne durera pas.

La Crimée ne permettait pas de nourrir une armée nombreuse et la solution la plus simple et la plus évidente était de prendre le grenier à blé que constituait la Tauride du nord. Par ailleurs, le moment était on ne peut plus opportun pour mener une offensive.

Le 17 mai 2020 le général Wrangel émis l’ordre « top secret » suivant :

Aux commandants des corps d’armée I, II, de celle du Don, au corps d’armée combiné, au Commandant de la flotte, au Commandant de la forteresse de Kertch et au général Tkatcheff

Les Polonais et les Ukrainiens ont occupé Kiev, Tarachtcha, Vapniarka et poursuivent la libération de l’Ukraine de la rive droite des forces bolcheviques. Les réserves ennemies, y compris toute la cavalerie de Boudionny, sont transférées sur le front polono-ukrainien. Aucun renforcement significatif des forces rouges sur le front de Crimée n’a été constaté.

La situation politique et militaire exige que nous passions à l’offensive.

J’ORDONNE :

1.         Au groupe de débarquement du général Slachtchev, composé des 13e et 34e divisions (sans le 52e régiment de Vilnius du général Alexeïev), de 4 batteries de la 13e brigade d’artillerie, de 2 batteries de la 34e, des régiments de cavalerie cosaques du Terek et d’Astrakhan, d’un régiment de cavalerie, d’une batterie de montagne à cheval et d’un détachement blindé : terminer le chargement à Féodossia le 22 mai, traverser le détroit de Kertch dans la nuit du 23 mai et débarquer à l’aube du 24 mai dans la région de Kirillovka–Goreloïe. Objectif : couper la voie ferrée entre Akimovka et V. Outlioug, établir un écran vers Melitopol et agir sur l’arrière du groupe rouge de Novo-Alekseevka en vue de sa destruction. Toute la flotte affectée à cette opération, sous le commandement du capitaine de vaisseau Maschoukoff, est placée sous les ordres du général Slachtchev pour la durée de l’opération.

2.        Au général Pissarev, avec le corps combiné (sans les régiments de cavalerie du Terek et d’Astrakhan), 3 batteries et tous les moyens techniques disponibles sur le secteur du corps : attaquer à l’aube du 24 mai le groupe rouge de Novo-Alekseevka. Objectif immédiat : s’emparer de Genitchesk, de la gare de Novo-Alekseevka et du village de Novo-Dmitrievka. Ensuite, avancer rapidement vers le nord pour coopérer avec les troupes débarquées du général Slachtchev dans la destruction du groupe rouge.

3.        Au général Koutepoff, avec les divisions Kornilov, Markov, Drozdovski, les 1re et 2e divisions de cavalerie, 2 batteries de la 34e brigade d’artillerie et tous les moyens techniques du 1er corps : passer à l’offensive à l’aube du 25 mai et détruire le groupe rouge de Perekop. Objectif immédiat : atteindre la ligne Gromovka–Askania-Nova–Tchaplinka. Ensuite, poursuivre vigoureusement vers le nord pour empêcher la retraite du gros des forces rouges vers le nord-est. Le détachement naval opérant dans les golfes de Karginit et de Perekop reste sous les ordres du général Koutepov.

4.        Au général Khodakovski, avec le 52e régiment de Vilnius du général Alexeïev et l’école militaire de Kornilov : empêcher tout débarquement ennemi sur la presqu’île de Kertch.

5.        Au commandement de la flotte : prendre toutes les mesures pour fournir un tonnage suffisant au débarquement du général Slachtchev. Mettre à disposition du capitaine Maschoukoff un nombre adéquat de navires de guerre pour assurer le débarquement et empêcher tout débarquement ennemi en Crimée. Pour appuyer le débarquement, déployer des vedettes sur le liman d’Outlioug et, si possible, sur le lac Molochnoye.

6.        Au corps du Don : rester en réserve dans la région de Tchirik–Viyouk–Soumak–Tensou–Togountcha–Kogenly–Aktach, en état de préparation maximale pour un déploiement rapide en soutien aux corps combiné et au premier corps.

7.        Au général Tkatchov : laisser aux états-majors du 1er et du corps combiné uniquement les appareils nécessaires à la reconnaissance. Regrouper tous les autres moyens aériens sous son commandement et agir selon mes instructions.

8.        Lignes de démarcation entre le corps combiné et le 1er corps : Grigoryevka, Alexandrovka, Baymary, Choutchak, Gromovka, Serogazy – tous les points sauf Choutchak sont inclus dans le secteur du 1er corps. Les autres lignes de démarcation restent inchangées.

9.        Je rappelle que le succès de cette opération pourrait déterminer le destin de la Russie. J’exige une préparation minutieuse, le respect absolu du secret et rappelle la nécessité d’une entraide mutuelle au combat.

10.       Accuser réception de cet ordre.

Signé à Sébastopol, le 20 mai 1920 – N° 003246

Général Wrangel

Chef d’état-major : Makhrov

Certifié conforme :

Chef de la section opérationnelle de l’état-major général

Colonel Chkelenko

Ex-contre-amiral Maschoukoff vers 1967 à Paris

Cet ordre fut suivi par un ordre du capitaine de vaisseau Maschoukoff qui commandait le second groupe de navires de la flotte de la mer Noire, affecté à la mer d’Azov et chargé d’organiser le débarquement, pour la partie maritime du second corps d’Armée commandé par le général Slachtcheff

« ORDRE DU CHEF DU 2ᵉ GROUPE DE NAVIRES DE LA FLOTTE DE LA MER NOIRE

15 mai 1920

N° 444

Commandants, officiers et équipages du Deuxième détachement des navires de la flotte de la mer Noire,

Entourées de toutes parts par les eaux, les vaillantes troupes du 2ᵉ Corps d’Armée, sous la direction de leur intrépide commandant, le lieutenant-général Slachtchoff, animées par un élan d’amour pour la PATRIE, ont décidé aujourd’hui de partir en campagne vers l’intérieur de la Russie. Pour ce faire, elles ont fait appel à notre aide. Il est de notre devoir de les soutenir, quels que soient les efforts et les sacrifices que cela exige. Nous devons être à la hauteur des espoirs placés en nous — c’est pourquoi JE DONNE ORDRE :

1.         De briser tous les obstacles, y compris la résistance acharnée de l’ennemi, par la puissance de notre artillerie.

2.        De garder fermement à l’esprit que le TEMPS est plus précieux que la vie humaine elle-même — C’EST POURQUOI LA RAPIDITÉ D’EXÉCUTION EST LA CLÉ DU SUCCÈS.

3.        Jusqu’à l’achèvement de la mission confiée au détachement concernant le débarquement du 2ᵉ Corps d’Armée sur les côtes ennemies — que tous oublient ce que sont : la fatigue, le déjeuner, le dîner, le thé, etc.

4.        Se souvenir que la présence personnelle sur les barges et les navires de transport d’un des officiers les plus forts moralement de notre détachement garantira notre succès. La force d’âme et le soutien mutuel créeront l’élan qui brisera toute résistance ennemie. PAR UN TRAVAIL HONNÊTE, SOLIDAIRE ET RAPIDE, NOUS PORTERONS UN COUP DÉCISIF À L’ENNEMI EN MARCHANT VERS LE CŒUR DE LA RUSSIE ÉPUISÉE ET QUI NOUS ATTEND — et ainsi nous amorcerons la LIBÉRATION DE LA PATRIE du joug des Lettons, des Chinois, des Juifs et autres rebuts de la TERRE RUSSE9 — tous les communistes.

DIEU EST AVEC NOUS, ET C’EST POURQUOI, POUR LA JUSTE CAUSE, SANS ÉPARGNER NOS VIES — EN AVANT POUR LA PATRIE.

Capitaine de vaisseau de vaisseau MASCHOUKOFF

Certifié conforme : Chef du service opérationnel, capitaine de frégate… »

 Cet ordre fut suivi par l’élaboration d’instructions détaillées concernant l’organisation de la partie maritime du débarquement par le service opérationnel. Cette instruction permet de retracer la manière dont s’est déroulé l’opération.

« INSTRUCTION AU 2ᵉ GROUPE DE NAVIRES DE LA FLOTTE DE LA MER NOIRE ET AUX TRANSPORTS POUR LE DÉBARQUEMENT DU 2ᵉ CORPS D’ARMÉE

1.         Tous les navires de guerre (Straj, Altaï, Oural et le brise-glace n°1), ainsi que les remorqueurs (Pantikopée, Méotide, Nikola Pashitch, Silatch, Dmitri et Azovets), doivent se rassembler à Kertch, où ils devront être en parfait état de fonctionnement et prêts (charbon, eau, vivres pour 7 jours) au moins un jour avant la date fixée.

2.        Les navires mentionnés au point 1 doivent lever la vapeur à l’heure qui sera indiquée par télégraphe au nom du Commandant maritime supérieur à Kertch, le capitaine de frégate Reyher.

3.        Seuls les navires ne disposant pas de cuisine collective (barques, bolinders et certains remorqueurs) recevront des vivres secs.

La bolinder était une péniche de débarquement équipé d’un moteur de tracteur Suédois Bolinder d’où son nom.

4.        Le jour indiqué, tous les navires doivent prendre la mer à partir de 20h30, le dernier devant sortir du port à 23h.

5.        Tous les navires se rassemblent aux coordonnées indiquées, en formation de marche selon le schéma n°1, et attendent mon arrivée en état de pleine préparation.

6.        Le Gaïdamak10, les bolinders, les barges et les transports se rassemblent à Féodossia.

7.        Les transports avec moyens de remorquage doivent arriver de manière à ce que le navire de tête atteigne le phare de Kyz-Aoul à partir de 18h, et le dernier au plus tard à 22h.

8.        Le capitaine Reyher doit positionner une petite embarcation avec feu de mât au point de virage entre le phare de Kamych-Bouroun et l’alignement de Chouchkine.

9.        Les navires, une fois arrivés à leur emplacement, doivent se positionner selon le schéma n°2 et rester en état de préparation immédiate. Toute avarie survenue pendant le trajet doit être signalée.

10.       Un tir de canon de 75 mm depuis le Gaïdamak et la levée du pavillon d’exécution « Z » signifie : se préparer à lever l’ancre dans une heure (resserrer les amarres).

11.       Deux tirs de canon de 75 mm depuis le Gaïdamak, l’abaissement du pavillon d’exécution et la levée du pavillon « V » signifient : lever l’ancre et suivre le cap selon le schéma n°2.

12.       Ouvrir les enveloppes scellées du chef de détachement.

13.       Les navires désignés pour l’exercice des signaux de pavillons sont les canonnières Grozny et Altaï. Pour les signaux sonores : Grozny, Altaï, le transport Nikolaï, le navire 419 et le vapeur Khersonès.

14.       À la tombée de la nuit, en formation n°2, tous les chevaux doivent être sellés et les troupes en tenue complète.

15.       La nuit, au signal sonore (sifflet), tous les remorqueurs se préparent à naviguer seuls, mettent la vapeur en urgence (20–30 min).

16.       Les remorqueurs, au signal sonore, prennent leurs bolinders selon le schéma n°3. Les grands navires arrêtent leurs machines jusqu’à ce que tous les remorqueurs soient partis et alignés. Ensuite, au signal sonore, les remorqueurs avancent en maintenant l’alignement, en coordinations avec le navire Maria, vers le rivage pour débarquer les bolinders selon l’instruction.

17.       Pour éviter les pertes dues aux tirs des mitrailleuses ennemies, chaque embarcation doit avoir deux mitrailleuses à l’avant, et les personnes non essentielles doivent descendre dans les cales.

18.       Dès que les remorqueurs avancent, les navires de guerre se réorganisent selon le schéma n°4. Ils déclenchent l’alerte de combat, les servants sont à leurs postes, les canons chargés, les culasses fermées.

19.       À l’approche du rivage (15–30 câbles), et pendant que les remorqueurs sont encore en route, chaque navire doit tirer deux coups de canon sur la ligne côtière pour disperser les mitrailleuses ennemies.

20.      En cas de batteries ennemies repérées, ouvrir un feu intense jusqu’à cessation du tir ennemi. Ce feu peut être ouvert sans mon ordre, mais doit être immédiatement interrompu sur mon signal. Il faut se souvenir que les munitions sont limitées et ne doivent être utilisées qu’en cas de nécessité réelle.

21.       Dès que les navires armés avancent, les goélettes à vapeur se mettent en formation selon le schéma n°5, à 15 encablure des navires de guerre, jusqu’à ce que les troupes commencent à débarquer et que le signal n°2 soit levé sur le Gaïdamak.

À ce signal, les goélettes s’approchent du rivage, s’échouent doucement et commencent immédiatement à débarquer les chevaux, qui doivent être prêts. Les grues doivent être armées, les treuils chauffés, les équipes en place, les écoutilles ouvertes, etc.

22.      Les grands navires, en formation frontale, jettent l’ancre à 50 câbles du rivage et se préparent immédiatement à débarquer les chevaux.

23.      Au signal n°3 « g » depuis le Gaïdamak, les grands navires s’approchent au plus près du rivage (selon la profondeur) et jettent l’ancre.

24.      Les navires ayant terminé le débarquement, sauf ordre contraire, s’éloignent immédiatement du rivage, jettent l’ancre à 50 encablures et restent en attente, prêt, pendant 3 heures.

25.      Les navires de guerre ne jettent l’ancre que sur mon signal.

26.      À l’arrivée sur place, le brise-glace Gaïdamak déploie immédiatement un câble téléphonique vers la côte et établit la liaison avec le commandement terrestre via le bolinder n°446, où se trouvera le poste de liaison.

27.      Le chef du débarquement est le chef du service opérationnel de mon état-major, le capitaine de frégate Karpov, qui se trouvera sur le bolinder n°446 et à qui tous les officiers maritimes présents sur le rivage seront subordonnés.

Le responsable du débarquement des goélettes à vapeur est le lieutenant principal Bulachevitch, qui se trouvera sur le remorqueur Azovets.

Le responsable du débarquement des grands transports est le lieutenant Kopytko, qui se trouvera sur le remorqueur Pantikopée.

28.      Mes adjoints, par ordre d’ancienneté sont :

1. Capitaine de frégate Reyher

2. Capitaine de frégate Koublitski

Signé : Capitaine de vaisseau Maschoukoff

Officier de pavillon : Aspirant Chekhourski

Certifié conforme : Chef du service opérationnel, Capitaine de 2ᵉ Frégate ….. »

Les navires suivants participèrent à l’opération :

Les navires de guerre (armés) : Straj, Groznyï, Altaï, Oural et le Brise glace N° 1 (par la suite Vsadnik), le Gaïdamak

Les remorqueurs : Maria (commandé par Dechkevitch et remorquant le 446, responsable du débarquement  de ce navire : Toumanoff), le Pantikopeïa (commandé par Kopytko et remorquant le Zvorona, responsable du débarquement  de ce navire : Deïcha), Meotida  (commandé par Chliakhoff et remorquant le N° 19, responsable du débarquement  de ce navire : Bogdanoff), Nikola Pachitch (commandé par Danilevski et remorquant le Sevastopol) , Silatch (commandé par Kokouchkine et remorquant le 442, , responsable du débarquement  de ce navire : Tzinguère) , Dmitriï (commandé par Eremenko et remorquant le N° 29, responsable du débarquement  de ce navire : Bolotine )et Azovetz (commandé par Sevostianoff et remorquant le 441, , responsable du débarquement  de ce navire : Tcherepennikoff), le Skiff (commandé par Boulachevitch et remorquant le Tchaïka, , responsable du débarquement de ce navire : Boulachevitch)

Les transports et autres navires : les vapeurs Rossia, Ayoudague, Nikolaï 119, Khersonesse, Margarita, les « bolindères » 440, 441, 442, 446,  les péniches N° 19, 29, les péniches Victor, Zvorona, les goélettes Volga, Pavel, Yakov, le dragueur de mines 412, le navire Christi,  la péniche Tchaïka. Cette opération comprenait 8729 hommes, 2544 chevaux, 26 pièces d’artillerie, 18 auto et plus de 300 chariots.11

Le capitaine de frégate Karpoff, responsable pour la partie du débarquement, nous laissa ses souvenirs12 :

Carte établie par le lieutenant Karpoff

1 Kirillovka

2 Barges

3 Navires de guerre ou considérés comme tels

4 Petit transport

5 Grand transport

6 Akimovka

7 Melitopol

8 Guenitchesk

9 Alexeevka

10 Mer d’Azov

11 Forces rouges

12 Mouvements des forces blanches

13 Mouvements des forces rouges

« Au retour de cette opération13, le général Wrangel nous ordonna de préparer le débarquement près du village de Kirillovka du corps du général Slachtcheff, composé d’environ sept à huit mille hommes, deux mille chevaux et 35 à 40 pièces d’artillerie. Ce débarquement avait pour objectif d’agir simultanément avec les unités attaquant depuis le village de Salkovo, en frappant la voie ferrée à la station Akimovka, dans le dos de l’ennemi, ainsi que sa base principale — Melitopol — afin de briser et d’anéantir le flanc gauche adverse. Ensuite, par une attaque audacieuse de cavalerie dans le dos du flanc droit ennemi, il devait contribuer à sa destruction, en soutenant les troupes du 1ᵉʳ corps d’armée du général Kutepov.

Ces actions du débarquement ouvraient ainsi une voie presque libre pour nos troupes hors de Crimée, d’abord par la presqu’île de Chongar près du village de Salkovo, car l’ennemi, frappé dans son arrière, devait naturellement abandonner ses positions à Salkovo. Ensuite, en cas de succès élargi, l’opération devait avoir le même effet en direction de Kakhovka. Après une préparation intensive des navires de l’escadre de la mer d’Azov — leur recherche, réparation, armement (car à cette époque, rien n’était prêt ni permanent, tout devait être improvisé avec les moyens du bord) — les barges du détachement de débarquement furent prêtes à Feodossia le 15 mai… et les remorqueurs à Kertch. De plus, notre escadre fut renforcée par les canonnières « Oural » et « Altaï », armées à Kertch, chacune équipée de deux canons de 6 pouces.

Le 20 mai14, sur ordre du commandant en chef, le chargement des troupes sur les navires commença selon un planning que nous avions établi, de sorte que les unités d’avant-garde embarquaient directement sur les barges pour débarquer en premier, suivies des forces principales, embarquées dans l’ordre requis pour leur déploiement sur la côte. Le chargement se déroula dans un ordre parfait, rapidement, sans interruption jour et nuit, et fut achevé au matin du 22 mai. Après inspection des navires par le général Wrangel, les transports prirent la mer vers 13 heures.

Après avoir traversé le détroit de Kertch durant la nuit, ils se retrouvèrent à l’aube du 23 mai au point de rendez-vous prévu, hors de vue des côtes. Là, les navires furent rejoints par ceux de l’escadre de la mer d’Azov (2ᵉ escadre de la flotte de la mer Noire) : les canonnières « Altaï », « Oural », « Straj » (chacune avec deux canons de 6 pouces), « Grozny » (deux canons de 120 mm et deux de 75 mm), les brise-glaces « Gaïdamak » (un canon de 75 mm), « Vsadnik » (deux canons de 75 mm), ainsi que sept remorqueurs. La flotte de transport comprenait 11 vapeurs et 9 barges, pour un tonnage total d’environ 22 000 tonnes. Le débarquement comptait environ 10 000 hommes (fantassins et cavaliers), 2 000 chevaux, 50 pièces d’artillerie, deux véhicules blindés et seulement 150 chariots15.

Le 24 mai à l’aube, le débarquement atteignit le village de Kirillovka. Par temps frais, le débarquement commença, et grâce au secret bien gardé, il fut totalement inattendu pour les Rouges et se déroula sans aucune résistance de leur part. Le travail héroïque du détachement de débarquement et des équipages, dirigés par leurs officiers, qui ne reculèrent devant aucune difficulté ni risque malgré la forte houle, permit de terminer le débarquement de l’avant-garde dès 10 heures du matin. Celle-ci se mit immédiatement en marche. Elle repoussa les Rouges qui commençaient à arriver, assurant ainsi la tête de pont.

Le 25 mai, les forces principales furent débarquées, et le 26, elles coupèrent la voie ferrée à la station Akimovka, tandis qu’une autre partie approchait de Melitopol. Le 28 mai, Melitopol fut pris.

Simultanément, le 25 mai, nos forces principales stationnées près de Perekop et de la station Salkovo passèrent à l’offensive. Les Rouges ne purent résister à l’attaque simultanée de front, de flanc gauche et de l’arrière. Ils battirent en retraite d’abord sur le flanc gauche — le plus menacé par le débarquement — puis, entre le 28 et le 30 mai, sous la pression du 1ᵉʳ corps d’armée du général Kutepov et l’arrivée de la cavalerie du débarquement dans leur dos, le flanc droit rouge s’enfuit au-delà du Dniepr par le passage de Kakhovka.

En somme, la 13ᵉ armée soviétique, qui tenait les positions de Perekop, fut complètement écrasée grâce à notre manœuvre de débarquement réussie. Environ 10 000 soldats rouges furent faits prisonniers, plusieurs dizaines de pièces d’artillerie, deux trains blindés, des centaines de mitrailleuses et tout le ravitaillement de l’armée concentré à Melitopol furent capturés. Notre armée subit des pertes relativement faibles et sortit du cul de sac que constituait la Crimée vers les vastes plaines de Tauride. »

1 : 2-ème corps d’armée du général Slachtcheff avec la 13-ème division, la 34-ème, de 4 batteries de la 13e brigade d’artillerie, de 2 batteries de la 34e, des régiments de cavalerie cosaques du Terek et d’Astrakhan, d’un régiment de cavalerie, d’une batterie de montagne à cheval et d’un détachement blindé

2 : 2-ème corps d’armée et troupes du général Slachtcheff lors du débarquement

3 : Corps des cosaques du Don du Général Abramoff

4 : Corps combiné et 3 batteries du général Pissareff

5 : Divisions Kornilov, Markov, Drozdovski, les 1re et 2e divisions de cavalerie, 2 batteries de la 34e brigade d’artillerie du général Koutepoff

6 : Attaque et défaite du corps de cavalerie rouge de Jloba.

Le général Slachtcheff décrivit également ces évènements dans ses mémoires16 :

« le 5 juin, les navires transportant le débarquement quittèrent Féodossia. Le déplacement était très lent en raison du mauvais état des chaudières et du fait que chaque transport remorquait une barge. Avec beaucoup de difficulté, pendant la nuit, les navires avec les troupes de débarquement, ayant éteint leurs feux et stoppé les machines, naviguaient à contre-courant à une distance de 1,5 verstes du rivage de Tamanne.

Le 6 juin, toute l’escadre se rassembla hors de vue des côtes dans la mer d’Azov, où les enveloppe n°2 furent ouvertes, révélant que le débarquement aurait lieu près de Kirillovka, vers laquelle l’escadre se dirigea.

La tempête retarda le débarquement jusqu’au 8 juin, et il fallut repêcher l’artillerie dans l’eau. Les chevaux étaient complètement malades du roulis et se déplaçaient à peine.

En premier lieu, j’ai débarqué la brigade de cavalerie du général Chifner-Markevitch, composée du 8e régiment de cavalerie du colonel Mezernitski et de la brigade du Kouban avec une batterie montée, formée au sein du 8e régiment. Ces forces, après avoir passé la nuit à Kirillovka, purent se diriger le 8 juin vers la station d’Akimovka. Derrière elles, il n’était possible d’envoyer qu’une seule brigade d’infanterie sur des chariots (environ 1 500 baïonnettes17), faute de moyens de transport. L’artillerie fut retardée dans son débarquement, les chevaux ne n’avançaient pas, et il fallait se hâter, car dans ce cas précis, seule la surprise de l’attaque pouvait être efficace. J’abandonnai donc les troupes en cours de débarquement et partis avec l’avant-garde.

Le soir, les rouges arrêtèrent la cavalerie près du village de Rodionovka, mais furent repoussés, et Rodionovka fut prise sur les talons des fuyards. Les prisonniers étaient des locaux et des membres de diverses unités de commandement. Des installations arrières, je ne pus emmener avec difficulté avec moi que la radio, et une double relève de chevaux.

Les unités du 3e corps de Pissareff prirent Novo-Alekseevka, et celles du 1er corps de Koutepoff prirent Chaplinka. Mes éclaireurs rapportèrent que l’ennemi acheminait des renforts vers la station Akimovka et que des troupes d’infanterie (dont nous n’avions aucune informations) étaient envoyée de Melitopol le long de la rivière Molochnaya vers Rodionovka. Le soir, j’inspectai les environs de la rivière Molochnaya, constatai que ce lieu ne pouvait accueillir des forces importantes, laissai un bataillon aux gués et, à l’aube du 9 juin, me dirigeai vers Akimovka.

Dans la région de Vladimirovka, les lignes rouges repoussèrent la cavalerie de Chifner-Markevitch, ses escadrons de fusiliers ne purent rien faire, et l’infanterie que j’avais envoyée resta clouée au sol. À midi, mon avant-garde était couchée, le nez dans la terre.

Je rassemblai le 8e régiment de cavalerie en réserve. Le soir du 8 juin, les Rouges furent très actifs sur le front des 1er et 3e corps. Koutepoff eut du mal à tenir Chaplinka. Chez Pissareff, la division tchétchène fut attaquée de nuit, et son état-major ainsi que le général Revichine furent faits prisonniers. Novo-Alekseevka fut perdue, et le succès des Rouges menaçait de s’étendre au 1er corps de Koutepoff.

Je décidai de lancer une nouvelle attaque sans attendre l’arrivée des forces principales, en l’accompagnant à nouveau de musique et de ma présence personnelle.

À 14 heures, les Rouges cédèrent sous l’attaque du 8e régiment de cavalerie et abandonnèrent le village de Vladimirovka ; les pauvres trompettistes durent se placer entre les Rouges et les Blancs pour pouvoir jouer, puis suivirent à l’arrière au pas. Le colonel Mezernitski, commandant du 8e régiment, occupa les tranchées ; une colonne de prisonniers s’en échappa, les autres s’enfuirent. Les prisonniers étaient exclusivement issus de la garnison de Melitopol et des renforts en marche.

Mais la route vers Akimovka fut bloquée par de nouvelles unités et, surtout, par des trains blindés. Un ballon captif (« la saucisse ») s’élevait là, corrigeant le tir précis de l’artillerie des trains. Une nouvelle impasse s’ensuivit.

Il était évident que les Rouges ne disposaient pas de grandes forces, mais concentraient leurs trains blindés, dont l’un était relié à un aérostat, leur permettant de nuire fortement aux Blancs, dont les forces étaient également faibles, avec seulement quatre canons. Ces quatre pièces furent particulièrement visées par les trains rouges, qui, grâce à leur « saucisse », voyaient tout tout en restant invisibles aux Blancs. Cela conduisit à ce qu’à 16 heures, les lignes blanches furent à nouveau clouées au sol, et que trois des quatre canons furent rapidement détruits. La batterie ne pouvant se déplacer — elle se tut.

Je dus me rendre moi-même à la batterie et ordonner au canon restant de tirer directement et uniquement sur la « saucisse ». Ce fut bien sûr une tâche difficile, car les trains rouges bougeaient et bombardaient la position de l’artillerie. Tout à fait par hasard, le troisième obus du seul canon dont nous disposions, explosa à proximité la malheureuse « saucisse », qui, sous les cris de « hourra », commença à tomber rapidement ; on vit deux points se détacher de la nacelle avec des parachutes.

Une attaque immédiate, avec un contournement du flanc nord, força les Rouges à évacuer la station Akimovka.

Le succès moral lié à la chute de la « saucisse » passa clairement du côté de mon avant-garde, et les Rouges résistèrent faiblement. Malgré les échanges de tirs intenses ce jour-là, les pertes furent minimes ; c’est ainsi que se comportent les groupes avancés moralement affaiblis face aux frappes concentrées de grandes réserves.

Avec la chute d’Akimovka, les Rouges ne purent résister au 3e corps et commencèrent à se replier vers Kakhovka. Mes unités interceptèrent et capturèrent presque intacts trois trains blindés.

Une offensive sur Melitopol se préparait, mais elle ne devait pas poser de grandes difficultés, car le moral du flanc gauche (oriental) de l’Armée rouge était clairement au plus bas et son approvisionnement perturbé. La résistance se portait désormais sur le 1er corps de Koutepov, qui, après avoir perdu Chaplinka, la reprit, mais ne put avancer davantage.

Le 10 juin, avec l’arrivée des forces principales à Rodionovka, elles furent dirigées directement à travers la rivière Molochnaya vers Melitopol : la brigade de la 34e division et le 8e régiment de cavalerie…

Le régiment passa par Akimovka vers Serogoz afin de forcer les Rouges, positionnés face à Koutepov, à se replier, tandis que le reste de la cavalerie — les escadrons à pied du 8e régiment de cavalerie et les cosaques du Kouban de Chifner-Markevitch — avançait le long de la voie ferrée vers Melitopol.

À Stepanovka, un petit détachement de mes troupes (environ 100 baïonnettes) affrontait les forces rouges envoyées depuis Melitopol. Mais cette démonstration des Rouges fut un échec total, car ils ne pouvaient espérer aucun succès en raison de la présence de la flotte, qui bombardait Stepanovka et la flèche en direction de Kirillovka par un feu d’artillerie de flanc. Cette pression n’eut aucune influence sur mon offensive, d’autant plus que j’étais déjà en train d’atteindre la voie ferrée, ce qui ne fit que fragmenter les forces rouges. Il faut noter qu’au cours de toute l’opération de débarquement, jusqu’à la prise de Serogoz et de Melitopol par mon corps, il n’y eut aucune directive de la part de Wrangel18; tout fut fait de mon propre chef, et malgré la présence de la radio et des avions, aucun ordre ni soutien ne vint de Wrangel. Konovalov, arrivé le 9 à Yefremovka en avion, ne transmit que des informations alarmantes sur les échecs des 1er et 3e corps, déjà évoqués plus haut, sans aucune directive. Ce combat révéla une fois de plus l’incapacité de Wrangel et de son état-major à mener une opération sur un large front.

Sur l’axe de Melitopol, les Rouges ne purent opposer de résistance sérieuse — leur flanc gauche (oriental) fut affaibli par un contournement par l’arrière, et seule une partie parvint à se replier vers le nord. Les principales forces de la 13e Armée rouge se replièrent vers Kakhovka, perdant leur base de Melitopol. Le détachement se dirigeant vers Serogoz captura les unités logistiques des troupes en première ligne. Sous la pression de ces événements, les unités rouges opérant sur l’axe de Perekop furent également contraintes de se replier — toutes convergèrent vers Kakhovka.

Les forces principales de mon corps occupèrent Melitopol avec presque tous les dépôts rouges, que ceux-ci n’avaient pas eu le temps d’évacuer. Mais lors de la prise de Melitopol, on découvrit que les Rouges acheminaient des renforts vers la station de Fedorovka. De violents combats s’ensuivirent : les Rouges attaquèrent depuis Novo-Nikolaevka en direction de la station de Tashchenak, et depuis Fedorovka vers la station et la ville de Melitopol. Le front de mon corps prit la forme d’un fer à cheval. Malgré tous mes efforts, une série de contre-attaques plaça mes troupes sur tous les axes en position défensive, qui ne se transforma pas en catastrophe uniquement grâce au moral des troupes, stimulé par les succès précédents et les pertes minimes. En effet, toute l’opération de débarquement, y compris le combat près d’Akimovka et la prise de Melitopol, coûta à mon corps un peu plus de 40 tués et blessés. Cela renforça la foi de mes troupes — et la mienne — en la victoire finale.

Il fallut appeler d’urgence le 8e régiment de cavalerie et la brigade de la 34e division depuis Serogoz, avec pour mission de se diriger vers Novo-Nikolaevka. Cette manœuvre empêcha les Rouges de prendre la station de Tashchenak. Le 3e corps agissait avec une extrême lenteur et ne parvenait pas à apporter son aide. Pendant ce temps, l’introduction persistante de nouvelles unités par les Rouges menaçait de briser la résistance de mon corps, qui défendait Melitopol depuis plus de trois jours. Finalement, Wrangel accepta de détacher la division Drozdovski, qui remplaça mes unités à Serogoz pour se diriger vers la station de Fedorovka. Ce mouvement décida de l’issue du combat : les Rouges se replièrent précipitamment vers Bolchoï Tokmak. Le sort de la Tauride du Nord était scellé.

Les unités de Wrangel se répartirent ainsi : sur l’axe de Marioupol — les Cosaques du Don ; sur l’axe de Pologi — le 2e corps (de Crimée) ; sur l’axe d’Alexandrovsk — le 3e corps ; sur les axes de Kakhovka et Kherson — le 1er corps (volontaire) ; la division Drozdovski se trouvait à la station de Fedorovka. Dans la région de Serogoz se tenait le corps de cavalerie de Barbovitch. Les unités reçurent l’ordre de mobiliser la population sur place et d’intégrer immédiatement les mobilisés dans les rangs — une méthode de recrutement pour le moins étrange, d’autant plus que pour le 2e corps, la zone assignée se trouvait exclusivement en zone de combat.

En outre, l’ordre fut donné de progresser vers Pologi. Sous la pression de mes troupes, Bolchoï Tokmak tomba. À ce moment eut lieu une conversation assez originale avec Wrangel, à propos de ses remarques sur les pillages, dont tous les corps sauf le 2e étaient accusés. J’abordai alors la question des décorations militaires pour les officiers de mon corps. Il interrompit la discussion en disant : « À quoi bon parler de décorations ! Vos pertes sont insignifiantes ; les 1er et 3e corps ont subi de lourdes pertes, alors votre corps n’est même pas à mentionner. » Je ne pus que répondre que je punissais mes commandants pour les pertes excessives, et que si ces pertes devenaient une constante, j’écartais les responsables pour incompétence. La victoire doit être obtenue « avec peu de sang », c’est pour cela que nous recevons une formation militaire.

Cette vision originale — pour ne pas dire criminelle — des pertes importantes comme preuve de bravoure est profondément enracinée dans notre ancienne armée. Il faut combattre cette idée, et les pertes importantes et constantes (je souligne : non accidentelles, qui sont toujours possibles, surtout avec la technique moderne) doivent témoigner de l’incapacité du commandant à diriger ses troupes, c’est-à-dire de son inaptitude à son poste. Plus le poste est élevé, plus il est difficile de préserver ses troupes, mais il peut tout de même influencer la situation par une bonne organisation de ses forces et par l’éducation de ses commandants subalternes.

Ainsi, l’armée de Wrangel, sans ressources suffisantes pour se renforcer, se dispersait en éventail à travers la Tauride du Nord, dans la conviction que les pertes étaient la preuve d’un combat valeureux et digne de récompense.

Ce que Wrangel espérait accomplir par ce déploiement en éventail, quelle était l’idée centrale de son plan d’opération, je ne peux le comprendre. Un tel déploiement ne convenait ni à l’offensive, ni à la défense, ni à une pression sur l’ennemi en vue d’un accord de paix.

Sur la rive droite du Dniepr, une révolte des koulaks éclata, obligeant les Rouges à y envoyer des troupes. Les insurgés occupaient les marais du Dniepr en rangs serrés et demandaient l’aide de Wrangel.

Wrangel ne la leur donna pas — pourquoi ? On peut supposer qu’il entama des négociations secrètes avec les Polonais ou qu’il reçut de ses maîtres français la directive de ne pas pénétrer dans l’Ukraine réservée aux Polonais.

Si j’étais politiquement ignorant, on ne pouvait me nier certaines compétences militaires, et j’insistai auprès de Wrangel sur le fait que nous n’avions rien à faire dans le bassin du Donets, et que si nous luttions pour l’idée de la patrie, nous devions aller là où la population était mécontente du pouvoir rouge et se soulevait contre lui. Mais Wrangel cherchait à temporiser, et c’est alors que commença l’attaque de Jloba.

Mon corps d’armée, fortement affaibli par les maladies, comptait alors environ 4 000 baïonnettes et 300 sabres (la brigade de Chifner-Markevitch en était sortie) et se trouvait sur l’axe de Pologi, à l’est de Bolchoï Tokmak. Le coup de Jloba frappa au sud de mon secteur ; il marcha rapidement sur Melitopol, et les unités cosaques du Don ne purent l’arrêter. Le plan conçu par le commandement rouge pouvait, s’il était bien exécuté, conduire à l’effondrement de tout le front blanc, surtout en tenant compte de la confusion manifeste du Haut Commandement à ce moment-là.

La dispersion excessive de l’armée de Wrangel plaçait tous ses corps dans une situation difficile, et en cas de repli vers les isthmes, cela les aurait forcés à fuir en compétition avec les Rouges — sauf que les Rouges avançaient, tandis que les Blancs fuyaient. C’est précisément ce qui m’avait conduit, à la fin de 1919, à renoncer à défendre la Tauride du Nord, comme je l’ai écrit dans le premier chapitre.

Ayant identifié la percée de la cavalerie rouge, il n’était plus question de retraite : il fallait frapper immédiatement l’infanterie rouge avec les forces disponibles pour l’empêcher de soutenir le succès de sa cavalerie.

Malgré l’évidence de cette situation, l’état-major n’envoya contre Jloba que 11 avions pour perturber et ralentir son avancée, et m’ordonna de me replier en urgence sur Melitopol. Le général quartier-maître Konovalov me convoqua par téléphone, m’informa de la situation et me demanda ce que je comptais faire. « Eh bien, répondis-je, je vais continuer à avancer vers Pologi. » — « Mais Jloba va prendre Melitopol et vous couper de l’arrière. » — « Il n’y a aucun sens à faire courir l’infanterie pour échapper à la cavalerie. Mieux vaut empêcher les Rouges de soutenir leur cavalerie avec leur infanterie. Jloba va sur Melitopol, moi sur Pologi. Melitopol doit être couvert par les réserves de Koutepov, et il faut envoyer de la cavalerie à la poursuite de Jloba — en priorité les Cosaques du Don, qui font face à des forces ennemies faibles et sont les plus proches de lui. En outre, j’envoie tous mes trains blindés (quatre) sur la ligne de Tokmak, que je renforcerai avec de l’infanterie de la 13e division, afin de barrer la route à Jloba par le nord. La ligne de chemin de fer de Tokmak passe sur des remblais très élevés, ce qui rendra difficile toute action de cavalerie. »

Malgré cela, Konovalov insista pour que je me replie, et alla réveiller Wrangel (il était encore six heures du matin, selon l’heure avancée de deux heures). Pour une fois, Wrangel ne suivit pas Konovalov et approuva ma décision, ordonnant de poursuivre l’opération. Le reste fut accompli par Jloba lui-même.

Au lieu de se précipiter sur Melitopol — où se trouvait le train de Wrangel — et de couper toute liaison entre les unités blanches dispersées, Jloba s’arrêta (semble-t-il pour une pause), puis avança très lentement. Dès la première pression des Cosaques du Don, envoyés sous le commandement du général Kalinine avec deux divisions, il se détourna vers eux. Il négligea complètement la sécurité de ses arrières, ce qui permit à la division Morozov (anciennement en Crimée) de l’atteindre par l’est, à l’arrière.

Depuis Melitopol, il fut repoussé par la division Drozdovski, qui avait eu le temps d’arriver grâce à sa lenteur ; au sud, Kalinine le pressait ; à l’est, Morozov avançait. Jloba se précipita alors vers le nord et se heurta aux hauts remblais de la ligne de Tokmak, défendus par quatre trains blindés et des unités de la 13e division d’infanterie. Seules environ 1 000 sabres revinrent avec Jloba chez les Rouges. Les Cosaques du Don capturèrent environ 5 000 chevaux avec leurs selles — de longues colonnes de prisonniers se dirigèrent vers Melitopol. La 34e division neutralisa les tentatives rouges de soutenir leur corps de cavalerie.

Ainsi s’acheva cette opération brillamment conçue mais mal exécutée par les Rouges, qui, avec plus de détermination, aurait pu entraîner la déroute totale de Wrangel. En tout cas, cette opération effraya l’état-major au point de le plonger dans une confusion totale. Comme lors des combats précédents, il n’y avait aucune coordination : les unités agissaient de leur propre chef, cherchant Jloba ; l’incompétence de ce dernier et l’énergie de Kalinine et Morozov entraînèrent la destruction de presque tout son corps.

Mes tensions avec Wrangel se poursuivaient. Je finis par lui reprocher que nous semblions danser au son de la flûte des Français, alors que nous avions soulevé une révolte contre le pouvoir soviétique, comme contre un pouvoir imposé par les Allemands. En quoi les Allemands seraient-ils pires que les Français ? Wrangel resta silencieux, puis tenta de me convaincre que notre avancée vers le bassin du Donets nous rapprochait du Don, qui finirait par se joindre à nous. Il refusait d’admettre qu’il n’y avait ni armes ni combattants sur le Don, qu’une partie des Cosaques du Don était avec nous, et que l’autre avait été mobilisée par les Rouges.

Quoi qu’il en soit, mon corps fut retiré de cette direction et transféré sur le Dniepr (de la région de Nikopol jusqu’à l’embouchure du fleuve). Le front d’Alexandrovsk-Pologi fut confié au corps de Koutepov. Quant à moi, on me confia la brigade montagnarde (« indigène »), stationnée entre Vodianoye, Znamenka et Lepetikha. C’était le 16 juillet 1920. »

En octobre 1920, le vent tourna pour l’Armée blanche. Après la signature de l’armistice avec la Pologne, l’Armée rouge redéploya ses forces et affecta environ 100 000 hommes supplémentaires, dont un quart de cavalerie, aux combats dans le sud de l’Ukraine. Bien utilisée, la cavalerie s’avèra précieuse dans ce conflit qui s’étendit sur d’immenses territoires et mobilisa relativement peu d’hommes, comparé à la guerre menée en France durant la Première Guerre mondiale.

À partir de ce moment, l’Armée blanche se retrouva confrontée à des forces rouges nettement supérieures en nombre. Le 28 octobre, la Première Armée de cavalerie commandée par Boudennyï traversa le Dniepr et perça le front à Kakhovka. Un ordre de repli fut alors donné aux troupes blanches, qui se retirèrent vers la Crimée, sur l’isthme jugé plus facile à défendre. Cependant, face à l’afflux massif de troupes ennemies, le 11 novembre à 17 heures, les forces blanches reçurent l’ordre de cesser toute résistance et de se diriger vers les ports en vue d’une évacuation imminente.

Après l’évacuation, à Constantinople, le général Slachtcheff, fut l’initiateur du scandaleux « pamphlet de Constantinople », «J’exige un jugement par la société et la transparence», créé, selon les dires de Slachtcheff lui-même, par le général Kilénine, qui aurait renoncé en être l’auteur sous pression, et achevé par Slachtcheff en personne. Le livre a été rédigé à chaud durant l’hiver 1920-1921, après l’évacuation de la Crimée, en réaction à l’« arbitraire » de Wrangel à l’égard de l’auteur. Il révèle, selon ce dernier, la véritable cause et les véritables responsables de la capitulation de la Crimée.

La réponse ne se fit pas attendre et arriva sous la forme d’une brochure écrite par un anonyme, le lieutenant P. V. Il y était mentionné que le cas du général-lieutenant Slachtcheff avait été examiné par un tribunal d’honneur le 21 décembre 1920 et que ce dernier statua qu’il était insupportable que le général Slachtcheff fasse encore partie des rangs de l’Armée russe. Le général Wrangel l’avait par conséquent exclu de l’Armée russe par ordre N° 301 du 21 décembre 19210 et que Monsieur Slachtcheff intervenait en qualité de particulier.


  1. Armée blanche constituée par l’alliance de l’Armée des volontaires et de l’Armée des cosaques du Don opposée au pouvoir bolchévique à la suite du putsch d’octobre ↩︎
  2. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Anton_Denikine ↩︎
  3. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Piotr_Nikola%C3%AFevitch_Wrangel ↩︎
  4. Alexandre Pavlovitch Koutepov. Né le 16 septembre 1882 à Tcherepovets. Issu de la noblesse du gouvernement de Novgorod, fils de garde forestier. Diplômé du gymnase d’Arkhangelsk et de l’école des cadets d’infanterie de Saint-Pétersbourg (1904). Colonel, commandant du régiment de la garde Preobrajenski. Chevalier de Saint-Georges. Dans l’armée des volontaires et les FASR depuis novembre 1917 ; commandant de la 3e compagnie d’officiers (garde), puis commandant des troupes du secteur de Taganrog dès décembre 1917. Participant à la première campagne du Kouban (« marche de glace »), commandant de la 3e compagnie du 1er régiment d’officiers, puis du régiment Kornilovski. Dès avril 1918, commandant du régiment d’assaut Kornilovski, puis commandant de brigade, chef de la 1re division d’infanterie. Général major à partir du 12 novembre 1918. Gouverneur militaire de la mer Noire en décembre 1918. À partir du 13 janvier 1919, commandant du 1er corps d’armée ; général lieutenant à partir du 23 juin 1919 ; commandant du corps des volontaires dès décembre 1919.Dans l’Armée russe, commandant du 1er corps d’armée, puis commandant de la 1re armée dès août 1920. Général d’infanterie (3 décembre 1920). À Gallipoli, commandant du 1er corps d’armée. À partir de 1928, chef du ROVS (Organisation militaire russe à l’étranger). Assassiné lors d’une tentative d’enlèvement à Paris. ↩︎
  5. Yakov Alexandrovitch Slachtchev.  Né le 29 décembre 1885 à Saint-Pétersbourg. Issu de la noblesse, fils d’un officier. Diplômé de l’école réelle de Saint-Pétersbourg en 1903, de l’école militaire Pavlovski en 1905, puis de l’Académie de l’état-major général en 1911. Colonel, commandant du régiment de la garde impériale de Moscou. Engagé dans l’armée des volontaires à partir du 18 janvier 1918. En juin 1918, il devient chef d’état-major du détachement de Chkouro. En juillet 1918, il est nommé commandant de la brigade de plastouns du Kouban, puis, à partir du 15 novembre 1918, chef de la 1re brigade indépendante de plastouns du Kouban. Il devient ensuite chef d’état-major de la 2e division cosaque du Kouban. En avril 1919, il est promu général major et prend la tête de la 5e division d’infanterie. À partir du 2 août 1919, il commande la 4e division d’infanterie. En novembre 1919, il est nommé commandant du 3e corps d’armée, puis en mars 1920 du 2e corps d’armée. À partir du 19 août 1920, il est placé à la disposition du commandant en chef. Promu général lieutenant en mars 1920. En exil, il prend sa retraite le 21 décembre 1920. Le 3 novembre 1921, il retourne en Russie soviétique et sert dans l’Armée rouge. Il est assassiné le 11 janvier 1929 à Moscou. ↩︎
  6. Ordre 2899 du 22 mars 1920 émis à Féodossia ↩︎
  7. C’est la version du lieutenant Karpoff alors qu’A. A. Soboleff dans la « Flotte rouge dans la guerre civile » parle d’un bombardement de Taganrog par les 3 navires. ↩︎
  8. Les rouges disposaient à ce moment de chalands particulièrement lents armés de canons et d’une canonnière, Danaï, armée d’un canon de 75mm. ↩︎
  9. Ces expressions reflètent les tensions extrêmes de la guerre civile russe en 1920. Leur présence dans ce texte ne constitue en aucun cas une approbation de ces idées par l’auteur de cet article ↩︎
  10. Le commandant de la partie maritime de l’opération, le capitaine de vaisseau Maschoukoff se trouvait sur ce navire. ↩︎
  11. D’après les plans d’embarquement et de débarquement ↩︎
  12. La première publication dans le supplément au « Journal maritime », n° 24, décembre 1929. ↩︎
  13. Il s’agit de l’opération de renseignement décrite dans ce texte du Straj, du Vsadnik et du Nikola Pachitch dans le détroit de Taganrog ↩︎
  14. Calendrier Julien dans les souvenirs du lieutenant Karpoff ↩︎
  15. Les chiffres du lieutenant Karpoff sont différent des nôtres. Nous supposons qu’il écrivait de mémoire n’ayant pu prendre ses archives lors de l’évacuation. Nos chiffres correspondent aux documents d’embarquement et de débarquement. ↩︎
  16. Edités à Moscou en 1990 dans la « Crimée Blanche ». ↩︎
  17. On entend par baïonnette, fantassin et par sabre, cavalier ↩︎
  18. Les relations entre le général Slachtchoff et le général Wrangel étaient exécrables. Slachtchoff était indiscutablement un militaire talentueux et courageux mais il était également fantasque, alcoolique et consommait de la cocaïne. Il  critiquait régulièrement le général Wrangel. Le 21 décembre 1920 le général Slachtchoff Krymsky fut exclu de l’armée sur ordre du général Wrangel. ↩︎

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *