LA COMMISSION AUX AFFAIRES RUSSES D’AFRIQUE DU NORD, LA COOPERATIVE RUSSE DE TUNIS, LA CAISSE D’ASSURANCE MALADIE RUSSE DE TUNIS.
Un chapitre du “Chemin de croix des officiers de la Marine Impériale de Russie”
Nos remerciements à I. KUTTLEIN, petite fille du colonel en l’amirauté A. A. POZNIAK, pour la relecture et la correction des textes.
Afin d’aider les réfugiés, le 26 mai 1921 l’amiral Berens, commandant par intérim de l’Escadre russe, prit l’initiative de créer [1] une commission nommée « La Commission aux affaires russes d’Afrique du nord ».
Le contre-amiral Nikolia fut nommé président et le capitaine de vaisseau Vilkenne, le capitaine de frégate Oulianine, le colonel de l’état major Makhrov et le capitaine de cavalerie Tikhmenev, membres de la commission. La responsabilité de la partie juridique incomba à un homme de grande expérience dans ce domaine, le général-lieutenant Tverdyï.
Cette initiative fut bien accueillie par les Français qui promirent aide et assistance. Le domaine d’activité de cette commission s’étendait principalement aux refugiés assistés vivant dans les camps mais également aux refugiés les ayant quittés et surtout aux invalides, femmes et enfants.
Le rôle de la commission aux affaires russes tel que défini initialement était :
1. L’aide à la recherche d’emploi plus particulièrement après les travaux agricoles saisonniers.
2. L’organisation d’entreprises et d’ateliers qui apporteraient de l’aide aux refugiés.
3. Les caisses de solidarité, les écoles et l’organisation des études notamment pour les étudiants souhaitant les poursuivre.
4. L’assistance aux invalides.
5. De répondre aux besoins culturels et éducatifs de la colonie russe.
La première difficulté rencontrée par la commission n’était pas des moindres, il s’agissait de l’absence de financement. La commission étudia, dans un premier temps, la possibilité d’aider les initiatives personnelles qui reposaient sur l’utilisation des moyens techniques de l’escadre et qui présentaient un intérêt général pour la colonie. Le général-major Baranoff avait été invité à se joindre à l’équipe en qualité de consultant pour la partie technique. La location de machines-outils était une des voies explorées et un des projets, celui de l’ingénieur Gofman paraissait se concrétiser mais on se heurta à des problèmes administratifs comme l’impossibilité de louer du matériel faisant partie de l’inventaire de l’Escadre, la confiance, et l’impossibilité de louer pour une longue période.
Tous ces projets tombèrent à l’eau en raison de la quarantaine du Kronstadt suite à une épidémie de peste début juin 1921.
En juin 1921, le travail de la commission devint plus concret avec l’apport par l’amiral Kedrov d’une somme de 45 000 F lors de sa visite. En même temps, l’amiral avait émis un véto concernant l’utilisation des biens et du matériel de l’escadre. Il fut alors possible d’octroyer des prêts et d’aider financièrement les initiatives dans la mesure où elles profitaient au plus grand nombre.
Après le départ de l’amiral Kedroff, conformément à ses prescriptions et à l’ordre du commandant par intérim N° 539 du 20 juin, deux autres membres rejoignirent la commission, les commandants des camps de Saint Jean et de Nador.
Par ordre N° 547 du 25 juin un secrétaire de la commision avait été nommé, il s’agissait du lieutenant Grigorieff. D’autres membres rejoignirent également la commission comme le délégué de la Croix Rouge russe le docteur Pozdniakoff ainsi que le délégué du Zemgor, P. N. Pereverzev.
En été 1921, un mémorandum avait été transmis au Général de Jonchay concernant les mesures qu’il aurait été souhaitable de prendre pour améliorer les conditions de vie des réfugiés. Il s’agissait de la liberté de déplacement, des conditions de vie des invalides, de la protection des mères de famille, de l’emploi pour les sans-emploi, de l’organisation de travaux d’intérêt général, du bureau d’aide à l’emploi, du retour dans les camps de ceux qui avaient perdu leur emploi, et de la participation des refugiés russes au travaux publics comme la construction de routes ou le travail sur le conduit d’adduction d’eau de Tunis. Tous les points du mémorandum reçurent une réponse satisfaisante de la part des autorités françaises.
En août 1921, un crédit de 110 00 FF avait été obtenu par le représentant du Zemgor.
A partir d’août 1921 le président de la commission visita les camps et hôpitaux pour dresser un tableau réaliste de la situation des réfugiés et remit au commandant de l’Escadre par intérim une série de rapports concernant les camps de Saint Jean, du lazaret de Roumi,[2] du camp de Djebel Djelloud, de la coopérative de Tunis, du bureau d’emploi organisé auprès d’elle, des cantines et des tentes dortoirs des sans–emploi,[3] du camp de Nador concernant l’organisation d’ateliers et de l’école.[4] La commission participa également à l’organisation de l’école sur le Guéorgui.
Le président constata qu’avec la fin des travaux agricoles saisonniers, 150 à 200 personnes restèrent sans emploi dont 60 sans moyens de subsistance. Des repas gratuits furent distribués ainsi que la possibilité d’un retour dans les camps pour les invalides et les familles. Des familles avec un revenu journalier de 12 F se trouvaient en difficulté et la commission leur vint en aide.
L’accord final concernant chaque décision recommandée par le commission fut donné par le commandant par intérim, l’amiral Berens.
Au 1-er octobre 1921, 21 crédits furent accordés pour un montant de 15 650 F pour les projets suivants :
- magasin dans le camp de Nador du colonel Poukhliakoff
- une coopérative de pêche du capitaine de frégate Ostolopoff
- la coopérative à Tunis
- la cordonnerie du lieutenant de vaisseau Yazykoff
- la coopérative artisanale à Tunis
- la coopérative agricole de Monsieur Gorbountsoff
- l’organisation de l’atelier de photographie du photographe Soumovski
- le cabinet médical du docteur Korablioff
- l’association des boulangers de Tunis du colonel Youskevitch….
D’autres crédits pour un montant de 5 288 F furent accordés à 61 personnes, dans le cadre de soins médicaux et des déplacements pour la recherche d’emploi ainsi qu’à 14 familles, pour un montant de 1 320 F sur accord de l’amiral Berens.
Un crédit d’un montant de 2 712 F fut accordé à des ateliers de cordonnerie ou de couture où travaillaient des invalides. De l’argent avait été également attribué pour l’achat de lait et de sucre pour les camps, de cadeaux aux malades de la peste, pour l’achat de lait et de sucre pour les camps, la fabrication de chaussures orthopédiques, la création d’un ikonostase pour l’église de Nador, la nourriture des sans-emploi, pour l’équipement de cambuses dans les camps, ainsi que pour des activités culturelles ….
Sur 430 demandes, 250 avaient été traitées.
La commission disposait de bureaux à Bizerte et à Tunis.
Elle assistait également les réfugiés sur le plan juridique comme par exemple la veuve du matelot Maïdaniouk qui avait été assassiné pendant son travail pour faire qualifier son meurtre en accident du travail.
Des résultats significatifs avaient été atteints par la commission comme l’organisation d’ études pour un nombre significatif d’étudiants en 1922.
Des Français s’ impliquèrent dans l’aide à cette commission notamment à Tunis comme Messieurs Korba, Renou, Marres[5] qui avaient obtenu des fonds auprès du consul de Suède ou des USA pour la distribution de lait, de médicaments, pour une aide à la coopérative ou pour des repas gratuits.
Le 11 janvier 1923[6] le général-lieutenant Tverdyï remplaça pour le temps de son absence, l’amiral Nikolia tombé malade. Le 5 avril 1923, l’amiral Nicolia mourut d’un arrêt cardiaque. Il fut inhumé au cimetière de Bizerte.
Il était respecté de tous et des officiels français, civils, de la marine et de l’armée de terre, les officiers de l’escadre, et toute la colonie russe de Bizerte assistèrent a son enterrement.
La coopérative de Tunis.
Une coopérative avait été créée à Tunis par la Commission aux Affaires Russes d’Afrique du nord qui fonctionna sous la tutelle de cette dernière. Cette coopérative permettait aux refugiés de se nourrir un certain temps sans payer de repas et de se loger à Djebel Djelloud pendant qu’un bureau de placement de cette même coopérative leur recherchait un emploi.
Lors de sa création, la gestion de la coopérative avait rencontré quelques problèmes puis elle fut confiée à Monsieur Zilberg dont la gestion était irréprochable et les choses rentrèrent dans l’ordre.
En mars 1922, un spectacle y avait été organisé avec une l’entrée à 2 F et un prix très raisonnable pour les consommations.
Fin 1922-début 1923 la coopérative de Tunis devint financièrement indépendante mais perdit son utilité en qualité de coopérative suite à la diminution du nombre de réfugiés russes à Tunis et à l’amélioration de leur situation financière. Elle se transforma en club avec restaurant et possibilité de louer la salle. Elle profitait d’une bonne réputation auprès des Français. Un syndicat d’étudiants russes y siègait. La coopérative devint le centre de la colonie russe de Tunis où la plupart des réfugiés qui y travaillaient, s’y retrouvaient.
La Caisse d’Assurance Maladie Russe et la Polyclinique Russe de Tunis
Fin 1921 les médecins S. I. Joukoff, P. S. Solovioff ainsi que N.Z. Ichtchenko avaient organisé une Caisse d’Assurance Maladie et ouvert une polyclinique où les patients russes étaient soignés gratuitement. Il fallait pour adhérer à cette caisse, verser le montant de la rémunération d’une journée de travail. Un service chirurgical de trois lits était organisé de façon à soigner deux Français moyennant paiement et un Russe gratuitement. Des subsides de la Croix-Rouge russe avaient été reçus. La polyclinique, organisée dans une maison située 60 rue Cellier à Tunis, connut un développement rapide. 6000 consultations non payantes eurent lieu mais le docteur Solovioff mourut brutalement, le docteur Joukoff partit pour Prague et le service chirugical fut fermé.
Fin 1922, début 1923 la caisse d’assurance maladie n’existait que grâce à la sous-location des chambres de la maison qu’elle sous-louait. Plusieurs centaines de Russes se faisaient soigner chaque mois par la polyclinique. La situation fin 1923 devint préoccupante puisque la Croix-Rouge russe arrêta de donner des subsides à la Caisse maladie à partir de 1923.
Un club ainsi qu’une bibliothèque furent organisés dans cette maison et l’église russe s’y installa puis y occupa de plus en plus de place ce qui obliga le dernier médecin, le docteur Ichtchenko, à quitter les lieux.
La Croix-Rouge russe.
La Croix-Rouge russe fut active à Bizerte et mena de nombreuses actions. A partir du 1-er juillet 1923 la représentation de la Croix-Rouge russe de Bizerte fut fermée et son représentant, le docteur Pozdniakov, quitta Bizerte. Les affaires ainsi que le matériel médical furent transmis par l’Escadre à l’antenne médicale de Remel puis laissés à un citoyen des USA Monsieur Morton mais d’après les CR de l’escadre aucune activité du Docteur Morton ne fut constaté et le matériel semble t-il fut perdu .
[1] Ordre N° 439 et ordre du 27 mai 1921 N° 443
[2] Rapport du 3 aout N° 22
[3] Rapport du 8 aout N° 22
[4] Rapport du 10 aout N° 32
[5] Orthographe transliterrée du russe, peut-être inexacte
[6] Par ordre N° 27 de l’amiral Berens
2 réflexions sur « LA COMMISSION AUX AFFAIRES RUSSES D’AFRIQUE DU NORD, LA COOPERATIVE RUSSE DE TUNIS, LA CAISSE D’ASSURANCE MALADIE RUSSE DE TUNIS. »
Bonjour
Mon grand-père russe émigré a du vivre quelques temps dans une ferme d amandiers .Mais où?
Bonjour Madame,
Pourriez vous indiquer le nom de votre père SVP ?
Bien cordialement,
Paul Loukine