L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE. CHRONIQUE. ANNEE 1921.
Nos remerciements à I. KUTTLEIN, petite fille du colonel en l’amirauté A. A. POZNIAK, pour la relecture et la correction des textes.
Un chapitre du “Chemin de croix des officiers de la Marine Impériale de Russie”
Au début du siècle dernier, l’École navale de l’Empire russe se situait à Saint Pétersbourg. Les élèves-officiers achevaient l’École avec le grade de garde-marine de vaisseau et ne devenaient officier, le premier grade étant celui de mitchman, qu’après une longue période de navigation et un examen auprès d’une commission particulière.
La Première Guerre mondiale avait mis en évidence le manque d’officiers dans la Marine Impériale Russe et une formation accélérée de 3 ans appelée Cours particuliers de gardes-marine (CPG par la suite) avait été mise en place. A la différence des élèves de l’École navale qui portaient des épaulettes blanches et qu’on appelait garde-marines blancs, ceux du CPG (En russe : Отдельные гардемаринские курсы, ОГК) portaient des épaulettes noires et étaient appelés les gardes-marines noirs.
LES CADETS ET GARDES-MARINES DU CPG DE VLADIVOSTOK
La guerre ne permettant plus la formation à la navigation dans la mer Baltique, au printemps 1915 la décision fut prise d’effectuer des travaux pratiques à bord des navires à Vladivostok. En 1917 le capitaine de vaisseau M. A. Kititsyne fut nommé responsable du Groupe de formation de la Flottille Sibérienne.
Après une période de navigation sur le croiseur auxiliaire Oriol et les contre-torpilleurs Boïki et Grozny et maintes péripéties comme une tentative de mutinerie des équipages en octobre 1917 à Hong Kong, Kititsyne, de retour à Vladivostok prend l’initiative d’ouvrir une École Navale en 1918. Après le putsch de Vladivostok qui renversa le gouvernement de Koltchak, l’École fut évacuée à bord de l’Oriol et de l’aviso Yakout. Le 2 avril 1920, en route vers Sébastopol, 119 cadets furent promus gardes-marine à Singapour (Voir liste en annexe 1).
L’Oriol, qui était un navire réquisitionné, fut rendu à son propriétaire à Dubrovnik et une partie des élèves-officiers, environ une centaine, rejoignirent Sébastopol sur le Yakout.
Les garde-marine noires, du Yakout, vinrent grossir les rangs des cadets et des gardes-marine blancs de l’École Navale de Sébastopol qui avaient évacué la Crimée, pour la plupart, sur le Guénéral Alexeeff.
Les gardes-marine de Vladivostok avaient pu acquérir une grande expérience de navigation pendant la traversée de Vladivostok à Sébastopol et l’on avait considéré que le cursus avait été achevé. 47 d’entre eux furent promus mitchman à Constantinople, après l’évacuation de la Crimée (Voir liste en annexe 2).
Le livret de service du garde-marine Safiannikoff mentionne les travaux pratiques effectués en mer lors de la traversée : prise de quart, signalisation, timonerie, pilotage, machines, astronomie.
LES CADETS ET GARDE-MARINES DE SEBASTOPOL
La décision d’ouvrir une École navale à Sébastopol fut prise avant le début de la Première Guerre mondiale et la décision définitive, fin 1915. L’école ne fut réellement ouverte qu’en 1916 pour les quatre premières classes seulement puis elle fut fermée en juillet 1917 par arrêté du conseil de l’amirauté. L’École navale fut à nouveau ouverte en 1919 sous l’impulsion du lieutenant de vaisseau Machoukoff, mais c’est l’amiral Vorojéikine qui prit la direction de l’École navale. On parlera d’une injustice car les actions militaires de Machoukoff, souvent remarquables et d’une grande témérité, révélaient un officier exceptionnel. Sans doute, prévoyait-on pour lui, une affectation plus adéquate. D’ailleurs, il connaîtra une ascension militaire fulgurante et sera promu contre-amiral en 1920.
L’EVACUATION DE SEBASTOPOL
Les élèves de l’école navale de Sébastopol, soit environ 110 élèves ainsi que de nombreux instructeurs et enseignants furent évacués en novembre 1920 sur le Guénéral Alexeeff. Un jour avant le départ, l’ordre fut donné de transférer deux sections de gardes-marines sous le commandement du capitaine de vaisseau Kolner sur l’Almaz qui manquait de marins expérimentés.
Le 25 novembre le Guénéral Alexeeff, prit le cap du Bosphore avec environ 2086 personnes à bord. L’Almaz avec environ avec 468 personnes prit la même direction, mais le 26 novembre, les machines de l’Almaz étant hors-service, la décision fut prise de le remorquer vers Bizerte et le groupe de gardes-marine affecté à l’Almaz fut réaffecté au Guénéral Alexeeff.
Le Yakout, qui n’a subi aucun travaux d’entretien depuis Vladivostok, quitta Sébastopol le 26 Novembre avec 299 personnes à bord. Il remorqua la vedette Capitane Medvedeff avec 60 personnes à bord et le Krym.1N. A. Kouznetzoff. La flotte russe à l’étranger.
Au départ de Constantinople un groupe d’officiers et d’élèves-officiers fut affecté au Svoboda, un trois-mâts barque. Il s’agissait d’un navire-école plutôt récent mais il stationnait au Pirée depuis 1917 sans entretien et son état était épouvantable. Le commandant du navire fut le lieutenant de vaisseau Rybine, le second, le lieutenant Meyrer, l’officier de quart, le mitchman Skoupenski, l’officier de navigation, le lieutenant Romouchkevitch, et deux mitchmans, Speranski et Morochkine, se joignirent à l’équipe ainsi que 21 élèves-officiers du Yakout sous le commandement du capitaine de vaisseau Kolner assisté des lieutenants Jouk et Zapolskiï.
D’autres élèves complétèrent l’équipe. Certains étaient de véritables voyous, la plupart des orphelins qui avaient été également évacués sur le Général Alexeeff. Il y avait fort à faire avec ce groupe de gamins affamés, pouilleux, et vêtus de guenilles. L’enseignant Knorring, dans ses récits nommés Sfaïat, mentionna : « c’est avec une grande inquiétude que nous observions les mœurs grossières de ces gamins, qui étaient à l’affût de tout ce qui pouvait se manger et que l’on pouvait chaparder : le pain, la farine, les conserves etc… L’argot des voyous de la marine était répandu et par la suite, à terre, l’instinct grossier et les habitudes déplorables, réapparaissaient pendant les cours ». «Au bout de deux, trois mois de travail dans le fort du Djebel Kébir, dont on ne connaissait que peu de choses sur les aspect du « travail en coulisse » les élèves devinrent méconnaissables.» Le travail en coulisse évoqué par le baron Knorring était vraisemblablement celui des militaires.
L’état-major russe, avait la ferme volonté d’assurer l’éducation de ces jeunes gens, mais dans ce cas précis, il s’agissait de rééducation. A l’impossible nul n’est tenu, et certains quittèrent l’École Navale d’eux-mêmes, d’autres furent mis dans l’obligation de la quitter.
L’amiral Guérassimoff, dans un style bien particulier, transmettra des renseignements les concernant à l’ex-Attaché naval Dmitrieff en ces termes :
Kafadji « voleur récidiviste, fils d’un régiment d’uhlans inconnus»
Seredniï, Svitouchkoff, Serdetchiï : « incorrigibles bons à rien âgés, ne sont pas opposés à voler tout ce qui traîne »…..
Boitchekovskiï « envoyé chez sa mère à Constantinople (pour l’instant en vacances)… sale gamin »….2Nos remerciement à Triton http://kortic.borda.ru/?1-1-60-00000023-000-60-0-1240441137
LA DIRECTION DE L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
A Constantinople, un directeur de l’École navale de Bizerte fut nommé. Il s’agissait du vice-amiral Guérassimoff qui commandait tout récemment encore la Flotte de la Mer noire du général Dénikine.
Il s’agissait d’un homme d’expérience, un spécialiste en artillerie de marine. Il participa à la guerre du Japon et fut fait prisonnier par les Japonais. A son retour de captivité, il mèna une activité pédagogique, commanda des navires écoles et fut responsable de cours d’artillerie. Grand, maigre, la soixantaine passée, d’un abord pas toujours facile, plein d’humour, quelquefois brutal ou excessivement direct dans ses propos, il était d’une grande intelligence et d’un grand pragmatisme. Malgré ses défauts, il savait gagner l’estime de ses interlocuteurs, son autorité était le plus souvent acceptée et les Français avaient un grand respect pour lui. Il était fidèle à ses engagements, capable d’aller au fond des choses et il était facile de travailler avec lui.3Extrait de Sfaïat de Knorring.
Le second de l’amiral pour la partie militaire, était le capitaine de vaisseau Kititsyne. Un sous-marinier de légende qui inspirait le plus grand respect. En 1916 il commandait le sous-marin Tioulène et il attaqua au canon un navire, le Rodosto, un cargo de 6000 t, pourtant bien mieux armé que le Tioulène avec des pièces d’artillerie servies par des artilleurs allemands. Kititsyne fit tirer tous les obus dont il disposait puis il saisit le navire et le convoya à Sébastopol. Promu lieutenant de vaisseau pour excellence, capitaine de frégate pour excellence, il reçut le sabre d’or de Saint Georges pour courage. Il vivait avec les élèves à Djebel Kébir, et restera un exemple pour eux. Le capitaine de vaisseau Berg, un enseignant de l’École navale, le nommera le seigneur de Djebel Kébir dans ses souvenirs qu’il intitula « Les derniers gardes-marine ».
LES FRANCAIS ET L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
Les Français furent favorables à l’École Navale russe et l’amiral de Bon écrivit au contre-amiral Darrieus préfet maritimes de Bizerte : « J’estime que nous aurions intérêt à assurer l’éducation et l’instruction de ceux de ces jeunes qui ne savent plus où aller ; c’est un placement d’avenir que nous ferions, soit qu’ils se fassent naturaliser plus tard, soit qu’ils constituent ultérieurement dans la Russie nouvelle un élément d’influence française ».
LE FORT DU DJEBEL KEBIR
Le Préfet maritime Darrieus se montra actif est bienveillant et décida de mettre à la disposition de l’École navale le fort du Djebel Kébir ainsi que les baraquements militaires de Sfaïat, petit village situé en contrebas à environ 1 km du fort. De source russe, le préfet pris cette décision avant même de recevoir l’accord de ses supérieurs.4Varnek, Chapitre Djebel Kébir de Kolybel Flotta, Edition du VOMO Paris 1951.
Le fort du Djebel Kébir, construit en 1898/1899, était des plus classiques avec escarpe et contre-escarpe. Le fossé était défendu par une caponnière double et trois simples armées de 5 mitrailleuses. Son armement était constitué par 4 canons de 120 et de 16 de 95 sur affûts de campagne ainsi que par deux tourelles cuirassées escamotables pour deux mitrailleuses. Il était situé à 274 m d’altitude, à 3 km de Bizerte à vol d’oiseau et à 6 km par la route sinueuse. Il était gardé par un sergent et 4 hommes de troupe de l’armée française.
L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
A partir du 13 janvier 1921, les élèves officiers furent envoyés par groupe, à la désinfection, puis, à pied à partir du 14, ils rejoignirent à pied le fort du Djébel Kébir.5Journal du Cercle de l’École navale de Vladivostok. Le premier groupe fut emmené par le capitaine de vaisseau Kititsyne. Le dernier groupe arriva au fort le 21 janvier 2021.
L’ORGANISATION DE L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
L’École Navale, à l’ouverture, comprenait 17 officiers externes, 235 gardes-marine, 110 cadets, 60 officiers et enseignants, 40 hommes d’équipage et 50 membres de famille soit en tout 495 personnes.
L’École Navale que l’on nommait également Corps des cadets était organisée de la façon suivante :
La 1-ère compagnie dont le responsable était le lieutenant de vaisseau Briscorn, comptait 36 élèves de Vladivostok qui avaient une grande expérience de navigation acquise lors du périple de Vladivostok à Sébastopol. Elle fut installée dans une des caponnières.
La 2-ème compagnie dont le responsable était le capitaine Kolner, comptait 99 élèves de Sébastopol. Elle avait une bonne expérience des opérations militaires puisque les élèves les plus âgés avaient participé aux opérations militaires et avaient fait le coup de feu. Onze gardes-marine de Vladivostok vinrent compléter les rangs de cette section. Elle s’installa dans deux des quatre casemates.
Une compagnie particulière fut organisée à Sébastopol pour achever le cursus. Elle était composée d’élèves de deux sections, l’une, de cadets de l’école navale et l’autre, de gardes-marines de CPG . Il y avait dans cette compagnie 70 personnes dont plus de la moitié avait déjà été promue officiers sous condition de passer l’examen de l’École navale. Cette compagnie fut dissoute à l’arrivée à Bizerte et les gardes-marine de la section CPG furent affectés à l’aviso Yakout sur lequel il continuèrent les études et passèrent les examens devant une commission de la Marine. Les élèves de l’École navale furent affectés à la 3-ème compagnie.
La 3-ème compagnie dont le responsable était le lieutenant de vaisseau Okrachevskii6D’après Berg dans les Derniers gardes-marine il s’agit de Meyrer puis le capitaine de frégate Ostolopoff comptait 90 personnes et réunissait les élèves de la compagnie particulière dissoute, 15 élèves d’École de l’armée et d’autres d’origines diverses. Ils furent installés sur le Moriak.
Par la suite on organisera les 4-ème et 5-ème compagnies
puis la 6-ème et la 7-ème qui étaient composées de jeunes enfants.
Lorsque qu’une compagnie achevait ses études, la compagnie suivante prenait son appellation et les autres prenaient le numéro de la compagnie précédente, la compagnie 2 devenant la compagnie 1, la compagnie 3 la 2 … et il est bien difficile pour un historien de s’y retrouver sans connaitre les dates des évènements ou des photos.
LES LOCAUX ET LES ENSEIGNANTS DE L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
Les locaux étaient convenables et secs mais le fort du Djébel Kébir était trop exigu pour tous les élèves-officiers. Ils s’accommodèrent toutefois de ces locaux, une compagnie logeant en permanence sur le Svoboda renommé Moriak et certains cours se tenant dans les dortoirs.
Le fort n’était pas alimenté en électricité, mais deux dynamos furent installées en plus de celle qui alimentait les locaux des militaires français.
Les dortoirs étaient spartiates, les élèves dormaient sur des lits en métal à deux niveaux, sur des matelas remplis de paille et la seule « fantaisie » visible était les petites icônes ou les croix disposées près de la tête du lit, seuls objets qui pour beaucoup d’entre eux les rattachaient au passé et à leur famille.
Le lazaret était installé dans la cour du fort et les soins étaient dispensés par le docteur Markoff.
A droite, lorsque l’on entrait dans le fort, après un long corridor, se trouvait la salle de physique et d’électrotechnique.
Plus loin se situait la salle des sciences naturelles du professeur Ichenetski. Les visites du fort, se terminaient habituellement par ce local qui était « la cerise sur le gâteau » de la visite. Il s’agissait d’une salle remarquable qui contenait des squelettes humains, des écorchés, des feuilles, des herbes, de magnifiques collections de papillons. Des grenouilles faisaient offices de baromètre. Il y avait un terrarium avec des serpents venimeux, des tarentules et des scorpions. Une couleuvre rampait sur le bras d’un cadet, et un rat blanc se lovait sur la poitrine d’un garde-marine. Un caméléon perché sur l’épaule de l’enseignant, lançait sa longue langue pour attraper les mouches.7D’après Les derniers gardes-marine de Berg.
La partie pédagogique était supervisée par le capitaine de vaisseau Alexandroff avec l’aide du lieutenant Kouftine et du capitaine du corps des ingénieurs de construction naval Nassonoff. L’ épouse de ce dernier Elisavéta Serguéevna avait été promue au rang de tailleur, responsable de l’atelier de couture de Sfaïat.
Le personnel pédagogique était de haut niveau. Le professeur de français, Monsieur Laffont, était un français et il s’était intégré parmi les enseignants russes sans aucune difficulté. Les élèves profitaient souvent d’un enseignement exceptionnel comme celui prodigué par le général-lieutenant de la marine Ogloblinski qui était le spécialiste responsable de la déviation magnétique de la Marine russe, et que ses élèves surnommaient malicieusement « le Dieu de la déviation ».
Le catéchisme était enseigné par le père Gueorguiï Spasskiï qui avait improvisé la petite église de Saint-Paul le confesseur, patron de l’École navale », dans une des caponnières du fort. Les élèves s’y sentaient bien. Ils y retrouvaient une atmosphère, des mots, des gestes et des odeurs qu’ils avaient connus « là-bas ». La manière dont le père Guéorguiï menait les offices, était appréciée et ses sermons brefs, ne manquaient pas de marquer l’auditoire.
Le lieutenant Briscorne, était un officier de la garde et il s’investissait dans l’enseignement du maniement d’armes. Les élèves étaient à la meilleure école, et le « bataillon blanc » comme on l’appelait, pouvait se comparer à n’importe quel régiment de la garde.
Les parades, défilés, discours solennels, levées des couleurs se tenaient juste devant le fort sur une place d’arme improvisée et les « officiels » français, lors des visites, étaient favorablement impressionnés par la bonne tenue des élèves. De fréquents défilés et autres manifestations avaient lieu à Bizerte notamment lors des départs, et la population avait généralement de la sympathie pour ces jeunes russes qui défilaient d’une façon impeccable, en chantant, avec l’orchestre en tête.
La sortie en mer du Moriak, ne fut autorisée que plus tard par les autorités françaises.
Un terrain de sport, à proximité du fort, avait été aménagé et équipé par la Croix rouge russe de Paris et les élèves pouvaient pratiquer toutes les variétés de sport sous la houlette du sous-lieutenant V. I. Vysotchine. Les élèves s’adonnaient au football et au basket-ball.
L’école ne formera que des gardes-marine de vaisseau puisque le cursus de formation ne prévoyait la promotion au rang de mitchman, qu’après une longue formation en mer, le petit lac de Bizerte n’offrait pas cette possibilité, et l’autorisation d’en sortir n’avait pas été donnée par les Français.
LA PREMIERE PROMOTION DE L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
En été 1921 les élèves suivants de l’ex-Compagnie particulière reçurent l’attestation de fin d’études de l’École navale de Bizerte.
1. Александровский, Георгий | 1. Aleksandrovskiï, GueorgIï. |
2. Асланов, Георгий | 2. Aslanoff, GueorgIï. |
3. Глинский, Константин | 3. Glinskiï, Konstantin |
4. Жеромский, Дмитрий | 4. Zheromskiï, Dmitriï. |
5. Кашинский, Николай | 5. Kashinskiï, Nikolaï |
6. Ключинский-Поль, Николай | 6. Kluchinsky-Paul, Nikolaï. |
7. Кузьмин, Пётр | 7. Kouzmine, Piotr. |
8. Лисенко, Юрий | 8. Lisenko, Yuriï. |
9. Манфановский, Виктор | 9. Manfanovskiï, Victor. |
10. Москвин, Сергей | 10. Moskvine, Sergeï. |
11. Никитин, Николай | 11. Nikitine, Nikolaï. |
12. Разумихин, Нил | 12. Razumikhine, Nil. |
13. Сербулов, Павел | 13. Serbuloff, Pavel. |
14. Степанов, Владимир | 14. Stepanoff, Vladimir. |
15. Тимофеев, Владимир | 15. Timofeeff, Vladimir |
16. Уразов, Константин | 16. Urazoff, Konstantine. |
17. Ц…, Роман, | 17. C…, Romanne, |
Chaque promotion revêtait un caractère solennel et après le Molébène8Office de supplication dans les Églises d’Orient de tradition slave, adressé à Jésus Christ, Theotokos (la Mère de Dieu), un saint ou un martyre particulier ou bien lors d’une fête religieuse. se tenait un défilé militaire, puis le prikaz 9Ordre de la promotion était lu ainsi que les télégrammes de félicitations reçus du monde entier, puis des toast étaient portés.
LA FETE TRADITIONNELLE DE L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE
La fête traditionnelle de l’École navale de Saint Paul le confesseur fut fêtée le 19 novembre 1921 (6 novembre d’après le calendrier Julien) dans le seul endroit qui permettait de réunir les 750 participants et invités, les douves du fort. Le plat principal fut la traditionnelle oie aux pommes que l’on avait pris soin d’élever à Sfaïat pour cette occasion.
La fête était suivie de représentations théâtrales nocturnes, éclairées par les projecteurs des navires démontés pour cette occasion, de concerts donnés par le chœur ou par les musiciens, de manifestations sportives et d’un bal.
- 1N. A. Kouznetzoff. La flotte russe à l’étranger.
- 2Nos remerciement à Triton http://kortic.borda.ru/?1-1-60-00000023-000-60-0-1240441137
- 3Extrait de Sfaïat de Knorring.
- 4Varnek, Chapitre Djebel Kébir de Kolybel Flotta, Edition du VOMO Paris 1951.
- 5Journal du Cercle de l’École navale de Vladivostok.
- 6D’après Berg dans les Derniers gardes-marine il s’agit de Meyrer
- 7D’après Les derniers gardes-marine de Berg.
- 8Office de supplication dans les Églises d’Orient de tradition slave, adressé à Jésus Christ, Theotokos (la Mère de Dieu), un saint ou un martyre particulier ou bien lors d’une fête religieuse.
- 9Ordre
11 réflexions sur « L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE. CHRONIQUE. ANNEE 1921. »
Magnifique et unique histoire de cette dernière promotion de gardes-marines et des hommes qui les ont formé.
De : jean paul chambouleyron
Bonjour, je recherche des données sur 3 de mes ancêtres à Bizerte à partir de 1921 et qui ont travaillé à l’hôpital Sadiki de Tunis :
Pierre, Vera et Tamara ZOUBOVSKY
Existe t’il des enregistrements nominatifs et passeports pour ces réfugiés en Tunisie.
Merci de votre réponse
Cordialement
Bonjour Monsieur,
Zoubovsky Piotr (Pierre), Pétrovitch, né environ 1903, était le frère de Véra Pétrovna, épouse du lieutenant de vaisseau Pomaskine. Pierre et Véra étaient accompagnés de leur sœur Tamara.
Pierre Zoubovsky : volontaire de la flotte, à l’École navale en 1921, de mai 1921 à novembre 1922 il occupa le poste d’armurier à l’École navale, il quitta l’École Navale en 1923 pour travailler, il avait deux filles Véra et Tamara. Pierre vivait à Tunis, ses filles travaillaient en qualité d’infirmières dans la clinique du Docteur Brun puis à l’hopital Sadiki, elles avaient une excellente réputation professionnelle.
Je n’ai pas d’autres renseignements à ce jour.
Bonsoir,
Merci beaucoup pour vos informations. Je crois que Véra et Tamara n’étaient pas les filles mais les soeurs de Pierre et ont travaillé ensemble à l’hôpital Sadiki
Quand la 1ere vague de réfugiés est arrivée à Bizerte, est ce que les autorités françaises les ont enregistré nominativement ?
Très cordialement
jp Chambouleyron
Bonjour Monsieur,
Oui, s’agissant de Véra et Tamara fille de Piotr Pétrovitch né en 1903, cela me parait incohérent également.
Il y a toutefois d’autres bizarreries : le lieutenant de vaisseau Pomaskine aurait eu un fils né en 1906 …
Pour information (vos commentaires sur le site du CMIR), le remorqueur Khersonese à bien quitté Sébastopol le 13 novembre 1920 pour Constantinople mais n’a jamais été à Bizerte. Comment savez-vous que les Zoubovsky ont quitté Sébastopol sur le Khersonese ? C’est vraisemblable, toutefois le remorqueur est resté à Constantinople et à rejoint Marseille (départ le 20 décembre – arrivée le 10 avril 1923) dans « le dernier convoi » et la famille Zoubovsky n’a pas pu arriver à Bizerte sur le Khersonese.
Le lieutenant de vaisseau Pomaskine a rejoint Bizerte sur le Guénéral Alexeeff. Pierre, Véra et son fils sur le vapeur « Constantine » et vraisemblablement Tamara aussi.
Des listes ont sans doute été établies, toutefois aucune liste systématique n’est accessible. Pour information, les archives des préfets maritimes de Bizerte (archives de Toulon) n’ont toujours pas été dépouillées.
Bien cordialement,
Bonsoir,
Merci pour ce document très intéressant. Je sais que mon grand père Paul KRAVCHENKO est arrivé à Bizerte en décembre 1920 à l’âge de 15 ans 1/2 sur le vaisseau GENERAL ALEXEEFF et qu’il a quitté Bizerte sur le MANSOURAH pour arriver à Marseille le 17 mai 1922.
Décédé en 1981, lorsque j’étais encore jeune, il n’a jamais pu parler de sa jeunesse et jusqu’à ce document, je n’avais jamais rien trouvé sur internet concernant son passé. Le lien avec sa famille russe a été coupé dès son arrivée en France. Je ne dispose que de quelques documents officiels écrits en français et je suis intéressée pour de plus amples informations, s’il en existe. Je sais qu’il était élève à l’école navale de Sébastopol, armée Wrangler et qu’il est arrivé à Marseille après dissolution de l’école. Merci d’avance.
Bonjour Madame,
Paul Kravtchenko est né vers 1906 et il était bien cadet à l’Ecole Navale de Sébastopol en 1920 jusqu’à l’évacuation de l’Armée Russe et de la Flotte Russe de Wrangel. Il a, très vraisemblablement, été évacué sur le dreadnought Guénéral Alexeef de Sébastopol à Constantinople puis sur le dreadnought Guénéral Alexeef de Constantinople à Bizerte (voir « Arrivée de l’Escadre Russe » sur ce blog). Il faisait partie du second peloton de la 6-ème section de l’Ecole Navale de Bizerte puis il a été exclu en mars 1921 pour des raisons que nous ne connaissons pas. Il est, de ce fait, devenu réfugié et a rejoint le camp de Nador (voir « Les camps des réfugiés russe de Bizerte » sur ce blog).
Nous ne savons que peu de choses à son sujet sans doute en raison de sa « courte carrière » à l’Ecole Navale.
Bien cordialement,
Bonsoir,
Ca me fait vraiment plaisir d’en savoir un peu plus ! Merci beaucoup.
Bien cordialement.
À l’été 1918, le pouvoir soviétique du Primorsky Krai tomba et à la mi-décembre à Vladivostok, il fut possible de créer une école maritime – un nouvel établissement d’enseignement. Sur ordre de l’amiral A.V. Kolchak, l’École navale de Vladivostok, sur la base de la 3ème compagnie des classes d’aspirants séparées, composée d’aspirants ayant étudié à l’École navale dissoute par le gouvernement provisoire ouvre ses portes en novembre 1918 dans le bâtiment de l’ancienne école navale, la caserne SHEFNER dirigée par le Capitaine de 1er rang Kititsine qui reçut l’ordre de rassembler tous les aspirants qui se trouvaient en Extrême-Orient .
* Ecole navale de Vladivostok. Caserne Shefner nommée en l’honneur de l’un des fonda-teurs de la ville, le lieutenant-général en amirauté, Alexeï Karlovitch Shefner – Алексей Карлович Шефнер – ° Saint-Pétersbourg 26 mai / 7 juin 1832 † Saint-Pétersbourg 11/ 23 février 1891. Enterré au ci-metière de Novodievitchi à Saint-Pétersbourg. SOURCES : https://cadethistory.ru/1915-god-morskoj-ego-imperatorskogo-velichestva-cesarevicha-alekseya-kadetskij-korpus-v-sevastopole
S’agissant d’ A. K. Shefner, de la naissance de Vladivostok et pour la petite histoire : en 1852, l’amiral Poutiatine recherchait un bateau fiable pour une mission diplomatique au Japon et il trouva, à Portsmouth, une des premières goélettes en métal à hélice (destinée à transporter des fruits). Il fallut dépenser pas mal d’argent pour la réarmer. Elle fut rebaptisée Vostok (l’Orient) et participa (commandée par le frère du compositeur Moussorgsky) à la mission secrète de « Frégate Pallada » commandée par le capitaine Ounkovsky et décrite par la suite par l’écrivain Gontcharov, puis elle fut affectée principalement à des missions d’exploration et d’études en Extrême-Orient. Le Vostok fut le premier bateau à vapeur de la flotte russe, le premier à parcourir l’estuaire du fleuve Amour et sera un des premiers bateaux russes à naviguer dans le Pacifique.
Lors d’une exploration en 1859 par le général gouverneur de la Sibérie orientale N. N. Mouravioff Amourski, au bord du transport Mandjour commandé par le capitaine Shefner, décision fut prise d’implanter un poste militaire dans une baie abritée qui fut nommée Zolotoi Rog. Ce poste nommé poste de Mouravioff, deviendra par la suite la ville de Vladivostok.
Extrait du rapport du commandant du poste de Mouravioff, l’aspirant Komaroff :
Novembre 1860 : « avons construit une caserne, une cuisine, et un bâtiment en sapin pour les officiers. Les indigènes qui se nomment les Manzames sont contents puisqu’ils peuvent échanger ce qu’ils produisent : légumes, cuirs, viandes etc… contre des marchandises »….
En automne 1862 un jeune officier de la Marine Impériale, Andreï Alexandrovitch Babitsine (notre arrière-grand-père qui termina sa carrière général « d’armée » en l’amirauté) fut détaché sur le transport Mandjour sous le commandement du capitaine Shefner. Ils passèrent l’hiver dans la baie de Sainte Olga. Un jour où mon arrière-grand-père dormait à terre dans une isba du poste de Mouraviov, le propriétaire lui interdit de sortir, un tigre de Sibérie dormait sur le toit.
Les premières années (1860), la totalité des chiens du village fut dévorée par les tigres de Sibérie.
Le célèbre explorateur Prezvalsky recensera à Vladivоstok, en 1867, 510 personnes.