LE CHEMIN DE CROIX DES OFFICIERS DE LA MARINE IMPÉRIALE RUSSE. BIZERTE.
Après l’évacuation de la Crimée de 1920 par l’armée Wrangel et une partie de la population sous protection de la France, la flotte militaire de la mer Noire nommée Escadre russe sur ordre du général Wrangel, est envoyée à Bizerte. Les Français espèrent couvrir les frais de l’évacuation avec le produit de la vente de ces navires, les russes pour bon nombre pensent conserver une force navale pour une « expédition du printemps ». Les intérêts à très court termes, toutefois, convergent : il s’agit de maintenir les navires en bon état tout en minimisant les dépenses couvertes par la France. On garde un minimum de personnes sur les navires, une école navale russe d’environ 500 personnes est organisée et des milliers de réfugiés sont placés dans des camps à Bizerte et ses environs.
Des récits concernant l’Escadre russe et la colonie russe de Bizerte ont bien été écrits, les souvenirs et les mémoires des réfugiés abondent, le plus connu étant « La dernière escale », traduit en français, D’Anastasia Chirinskaya, fille du capitaine de frégate Manstein, commandant du contre-torpilleur Jarkiï. Il s’agit des souvenirs d’une fillette de 8 ans à l’époque, qu’elle a, bien entendu, vérifiés par la suite. D’autres sont parus en russe comme celui de Berg, « Les derniers garde-marines », de Knorring, « Sfayat », des ouvrages comme celui du contre-amiral Lepotier « Bizerte » en Français. Récemment, d’autres ouvrages ont vu le jour en russe comme celui de Makhroff « la colonie russe de Tunis », celui de Marina Panova « Les russes de Tunis », de Nikita Kouznetsoff « La flotte russe à l’étranger », de Marc Saibène « La Flotte des russes blancs » en français, des recueils de mémoires et de photos en russe comme « L’Escadre russe. Les adieux avec la flotte Impériale » ou les « Autographes de Bizerte ».
Comme l’écrit l’historien de la marine de la Fédération de Russie Alexis Emeline, dans la préface de ce dernier livre, « les sources concernant ce sujet sont tout de même très limitées et chaque nouveau document est d’une grande importance.»
Force est de constater que des sources parmi les plus fiables comme les documents d’archives de Vincennes et de Toulon, les rapports de l’amiral Berens à Wrangel, le périodique «Recueil maritime de Bizerte » tenu par Monastyrev ainsi que les archives d’un grand spécialiste de Bizerte, A. V. Plotto avec lequel j’ai pu travailler, n’ont été pris en compte que dans les ouvrages les plus récents et ceci de façon partielle. A partir du moment où le pavillon tricolore français a été hissé sur les navires russes qui emportaient environ 150 000 personnes de la Crimée vers Constantinople, et que la plupart des décisions importantes avaient été prises par la France, ne fallait-il pas tenir compte des motivations et des raisons des décisions prises ?
C’est dans cette optique que je vous propose de réinterpréter l’opinion qui s’est formée suite à la lecture des ouvrages mentionnés ci-dessus, ouvrages honnêtes et dont on ne fera jamais assez l’éloge, en les complétant par ces nouvelles sources.
Les sujets évoqués sont les suivants :
– Le contexte : la Crimée blanche et les circonstances de l’évacuation que je traite de façon concise puisque que ce sujet est parfaitement traité en français dans la « Crimée Blanche » de Nicolas Ross, les accords avec la France et surtout du statut des navires que je traite de façon détaillée.
– Bizerte :
– l’arrivée à Bizerte et l’attente des russes à bord des navires,
– les mesures sanitaires jugées totalement excessives par les russes,
– les relations franco-russes,1Il faut préciser que la correspondance des préfets maritimes de Bizerte conservée aux archives de Toulon n’est toujours pas accessible et il est bien évident qu’avec ces documents, l’analyse sera perfectible.
– l’histoire de l’escadre,
– l’histoire de l’école navale,
– l’histoire des réfugiés,2Nous entendons par réfugiés ceux qui avaient quitté l’Escadre et qui ne faisaient pas partie de l’École Navale russe de Bizerte.
SUITE :
BIZERTE. L’ARRIVÉE DE L’ESCADRE RUSSE.
BIZERTE. L’ESCADRE RUSSE ET LA COLONIE RUSSE. LES GRANDES LIGNES.
BIZERTE. L’ESCADRE RUSSE. CHRONIQUE 1921.
L’ECOLE NAVALE RUSSE DE BIZERTE. CHRONIQUE. ANNEE 1921.
ECOLE NAVALE DE L’ESCADRE RUSSE A BIZERTE; LISTE DES ENSEIGNANTS ET INSTRUCTEURS.
LES CAMPS DES REFUGIES RUSSES DE « BIZERTE »
- 1Il faut préciser que la correspondance des préfets maritimes de Bizerte conservée aux archives de Toulon n’est toujours pas accessible et il est bien évident qu’avec ces documents, l’analyse sera perfectible.
- 2Nous entendons par réfugiés ceux qui avaient quitté l’Escadre et qui ne faisaient pas partie de l’École Navale russe de Bizerte.