MEMOIRES D’UN OFFICIER DE LA MARINE RUSSE DANS LA TOURMENTE REVOLUTIONNAIRE D’IVAN ROSOFF. DE PETROGRAD A BIZERTE.

MEMOIRES D’UN OFFICIER DE LA MARINE RUSSE DANS LA TOURMENTE REVOLUTIONNAIRE D’IVAN ROSOFF. DE PETROGRAD A BIZERTE.

CHAPITRE 2 – PETROGRAD. AVRIL 1916 A MAI 1917.

5 avril 1916 : je suis reçu aux examens

Les examens sont terminés. J’ai eu la chance d’être reçu, mais certains, peu nombreux, ont été recalés. Ceux-là partirent vers d’autres Écoles militaires d’infanterie. Ainsi, le sympathique  Constantin Khoutiev (un géorgien natif d’Ekaterinoslav) choisît de partir à l’École Militaire Constantin. Le pauvre n’eut pas de chance, il fut tué lors de la prise d’Ekaterinoslav, à quelques centaines de mètres de sa maison natale.

De retour en train de Vladivostok à Pétrograd1Note PL : Saint Pétersbourg a été renommé Pétrograd en 1914 sur décision de l’Empereur Nicolas II, l’ancienne appellation ayant été jugée trop allemande.notre 3-ème Compagnie reçu une permission de deux mois. Le jour même, mon ami Kajaï et moi, (ainsi qu’André Kaplinski,2Note PL: KAPLINSKY Andrei. Classes spéciales de gardes-marine en 1918. Dans l’armée des volontaires et les FASR. Mitchman. A l’été 1921, en Yougoslavie. Dans l’émigration. Décède après 1929 (source : S.V. Volkov). Pesliak3,Note PL : PESLIAK Victor Frantsevich, né en 1896. Classes spéciales de gardes-marine en 1918. Dans les FASR et l’Armée russe avant l’évacuation de la Crimée. Mitchman (24 février 1918). Au 25 mars 1921, dans l’Escadre russe à Bizerte. Emigré en Tunisie en 1938. Décède en 1983 en Tunisie (source : S.V. Volkov). Né en 1896 à Koursk, mitchman dans les transmissions, évacués avec son épouse sur le transport Cronstadt, en novembre 1929 et janvier 1921, dans le camp de Djebel Djelloud en juillet 1921, en octobre 1921 à Tunis, travaille en qualité d’architecte. Son épouse Valentina Ivanovna née Sokolova en 1900 à Koursk, décède en 1952 à Tunis) une fille et une petite fille Sapounova qui vit à Saint Petersbourg (Source A. V. Plotto).et Piotr Bogolioubov) prîmes le tramway pour la gare de Nikolaevsk qui se trouve au bout du « Nevski Prospect ».Le train rapide  « Petrograd-Moscou-Ekaterinoslav » partait à 22 heures.

Gare de Nikolaev à Saint Pétersbourg

A partir de Koursk, le temps devint beau, dans le compartiment les jeunes filles aimables, et nous nous sentions légers et sans soucis, heureux de retrouver bientôt nos parents qui n’étaient pas prévenus de notre arrivée.

La plupart de nos camarades quittèrent le train pour des correspondances à Koursk et Losovo, et il ne restait plus que Kajaï et moi pour attraper à Sinelnikov la correspondance pour Ekaterinoslav qui ne se trouvait plus qu’à quelques 20 minutes de route.

Ekaterinoslav (Actuellement Dniepropetrovsk)

Après un voyage de 36 heures, nous arrivâmes à la gare d’Ekaterinoslav dans la matinée, vers 9 heures. Chacun prit le tramway en direction de sa maison.

Mi-avril 1916 Arrivée à Ekaterinoslav.

En remontant la rue  Gymnastitcheskaya », je pouvais voir, en haut de la côte, l’immeuble de l’« Entrepôt d’Etat des Vins ». Quittant le tramway au coin du « Prospect Pouchkine »

Angle de la rue Gymnastytcheskaya (actuellement rue du lieutenant Schmidt) et du Prospekt Pouchkine (a proximité de l’endroit où résidait Ivan Rosoff)

je m’approchais du portail, gardé comme toujours par notre vieux Vassili Ivanovitch.

Natacha Rosoff

Après l’avoir embrassé, j’allai  à la rencontre de ma sœur Natacha, qui m’avait vu par la fenêtre, puis de Nioussia Koulich (la fille du mécanicien principal de l’Entrepôt que dirigeait mon père).

Frappant à la porte, je répondis « c’est moi » à ma mère, qui au début ne reconnut pas ma voix.

Ma mère, Bronislava Iossivna Rosoff

Et me lançai dans ses bras. Puis sortirent l’oncle Micha, ainsi que le frère de Vikentyi Ivanovitch Fefer et sa femme qui se trouvaient en visite chez nous.

La joie était générale. 

J’appris alors que mon frère Fédor s’était engagé, en qualité de Volontaire dans la 24-ème Brigade d’Artillerie, et venait d’être envoyé à l’École d’Artillerie de Mikhaïl à Petrograd.

D’autres amis de lycée s’étaient aussi engagés dans diverses unités d’artillerie, d’infanterie ou de cavalerie, tant était ardent leur désir d’aller au front se battre contre les Allemands.

Au bout d’une heure, je courus me faire enregistrer au Commandement militaire. Quelle ne fût pas ma surprise d’y trouver le lieutenant Pavel Alexandrov (l’ex-mari de ma sœur Macha), qui avait trouvé là « une planque  au lieu d’aller au front. Je le saluai sèchement et repartis à la maison.

Les deux premiers jours furent passés à bavarder et parler des événements qui se sont passés ces huit derniers mois.

Le troisième jour, je commençai mes visites aux amis et connaissances. Je passais au lycée où je rencontrais le directeur et professeur d’histoire Finakov, ainsi que quelques camarades qui n’avaient pas encore été appelés aux drapeaux. Je visitai aussi le Lycée de Jeunes Filles où étudiait ma sœur cadette. Et le temps passa très vite. J’aurais bien voulu rester encore quelque temps, mais il fallait rentrer pour ne rater de début de la 2ème année des Classes de gardes-marine.

30 avril 1916 : Fin de la Permission. Voyage en train Ekaterinoslav-Sébastopol-Moscou.

Je dis adieu à la famille qui resta à la maison, puis me rendis à la gare ou je retrouvai Kajaï que sa famille avait accompagné jusqu’au quai.

Et pour se donner de l’assurance, nous allumâmes nous pipes en « écume de mer » bourrées de tabac parfumé. Nous étions tristes et gais à la fois, sachant que allions maintenant devenir de vrais militaires, marins de la Flotte russe. A Sinelnikov nous prîmes la correspondance qui venait de Sébastopol et devait nous emmener à Petrograd via Moscou. Le lendemain matin, à Losovo et à Kharkov, d’autres camarades gardes-marine nous rejoignirent dans le train.

En route, le train s’arrêtait souvent à diverses stations : nous descendions alors au buffet, pour acheter à la hâte des sandwichs avec du thé ou de la limonade, et rejoindre ensuite notre compartiment enfumé par notre tabac « capstain ». Pour passer le temps, nous allions bavarder, ou « flirter » avec les jeunes filles des compartiments voisins.

Les villes défilaient, Belgorod, Koursk, Orel, Toula, et à l’approche de Moscou nous pouvions voir les villages qui devenaient de plus en plus nombreux aux abords de la voie ferrée.

Halte à Moscou

Arrivés à Moscou, à la gare de Koursk, nous descendîmes pour nous offrir un bon dîner au buffet. Pendant ce temps, le train prenait une voie détournée pour rejoindre la gare « Nikolaev » d’où il devait repartir pour Petrograd quelques heures plus tard. Profitant de ce temps libre, nous courûmes rendre visite à ma sœur Macha, qui se trouvait à Moscou pour suivre des cours de dessin et de sculpture à l’Institut Stroganov.

Le train Moscou-Petrograd (« ligne de Nikolaev»)

A la gare de Nikolaev (de Moscou), la plupart des camarades étaient déjà là. Nous nous endormîmes très vite tandis que le train filait rapidement dans la nuit noire Sur cette voie tracée en ligne droite de Moscou jusqu’à Petrograd. Arrivés à la gare de Nikolaev (de Petrograd), nous courûmes prendre le tramway N7 qui devait nous emmener au Port, à l’île Vassilievski, à un arrêt proche du N° 92 du « Bolchoï Prospect » où se trouvaient les locaux des Classes spéciales de gardes-marine.

Aspect intérieur et extérieur des Classes Spéciales de Gardemarines (O.G.K)

A l’entrée, les uns après les autre, nous nous présentâmes à l’officier de garde et fîmes notre rapport règlementaire, après avoir salué et claqué des talons :  « Mon lieutenant, le garde-marine Rosoff, de la 3-ème Compagnie, se présente de retour de permission ! »

Ensuite nous nous dirigeâmes vers la salle « de travail » assignée à la 3-ème Compagnie. C’était une salle énorme, avec un parquet ciré brillant comme un miroir, avec beaucoup de fenêtres donnant sur la cour de l’institut.

Du côté des fenêtres, étaient disposés des postes de travail avec des tablettes munies de prises pour des appareils qui nous servaient presque quotidiennement pour l’apprentissage de la radiotélégraphie morse.

Ces postes de travail comportaient aussi des tablettes pour le rangement de nos livres et cahiers. A l’entrée de la salle se trouvait une table pour le garde-marine « de permanence » qui remplissait la fonction de « garde-marine de service » de la compagnie.

Dans le fond de cette salle d’études, une porte conduisait au « carré » qui servait de « club » et de fumoir.

Dans le mur faisant face aux fenêtres, il y avait deux grandes portes donnant dans le dortoir dont les fenêtres ouvraient sur le « Bolchoï Prospect ».

Ces fenêtres étaient munies chacune d’un grand store en velours qui nous permettait d’avoir l’obscurité à l’époque des nuits blanches. Pour nous autres, originaires du sud, il nous fut difficile, au début, de nous habituer à ce remarquable phénomène des nuits polaires qui permettait de lire le journal en pleine nuit.

Les couchettes étaient alignées, dans l’ordre des sections (il y en avait huit). Chaque couchette était munie d’une planchette portant un N°, de couleur rouge pour les officiers, noire pour les autres.

Le long du mur du dortoir, face aux fenêtres, étaient disposés les râteliers avec les  fusils, de modèle moderne d’origine japonaise. Dans un autre endroit, il y avait les sanitaires communs avec lavabos et toilettes. Non loin de là, il y avait le « magasin », et le vestiaire pour les manteaux et capotes, et des armoires en fer pour le rangement d’affaires personnelles.

Par ailleurs, il y avait à l’étage, un grande salle de classe, avec quelques petites salles sur le côté, destinées au travail par section, ou pour le travail personnels des « bachoteurs », car il y en avait !.

Dans la partie inférieure du bâtiment se trouvaient les salles d’étude de l’artillerie (avec un canon « Kané »de 12 pouces  et un canon « Vickers »de 6 pouces), des salles d’étude de torpilles et de mines (avec des modèles les plus modernes).  A côté, se trouvait une salle de sport.

En général, l’organisation des « OGK » était remarquable. La qualité de son corps enseignant, formé de sous-officiers d’active et de spécialistes (des  officiers mariniers) garantissait une excellente formation de futurs « mitchmans » (enseigne de vaisseau de 2-ème classe).

L’ensemble était sympathique et propice à des études studieuses. Et c’est dans ce cadre que nous devions passer les 32 prochains mois (qui comprenaient deux croisières d’études pratiques, l’une à l’Etranger dans l’Océan Pacifique, l’autre dans les eaux nationales, sur l’Amour, dans le Lac Bolonsk et dans la mer d’Okhotsk, en direction de la Kamtchatka)

L’uniformes des « gardes-marine noirs » de la 3-ème promotion (1915)

Notre uniforme comprenait un longue capote noire, des épaulettes noires avec un galon d’or, un capuchon glissé sous les épaulettes. Sur le côté pendait une dague de marine dans son fourreau laqué dont l’attache comportait une chaînette avec à son extrémité une pièce d’argent de 5 kopek qui tintait allègrement quand on marchait et sur la tête, une casquette noire avec un bandeau portant devant, l’inscription « Classes spéciales de gardes-marine » en lettres d’or sur fond noir, et se divisant derrière en deux rubans qui flottaient dans le vent.

Ajoutons à cela des bottines noires cirées et des gants de daim que chacun achetait dans un célèbre magasin de fournitures militaires qui se trouvait sur le Nevski Prospect.

Nevski Prospect à Saint Pétersbourg

Quelques mots sur la composition sociale de la 3-ème compagnie (promotion admise en 1915, future 3-ème promotion de gardes-marine)

Dans la 3-ème Compagnie de la promotion admise en 1915 ( future 3-ème Promotion de l’OGK), le plus typique candidat sélectionné par concours ou sur titre avait 18 ans, la limite supérieure étant 22 ans.  Nous étions, pour la plupart, des élèves de lycée moderne ou classique, des élèves d’écoles commerciales, quelques cadets du Corps des cadets de la capitale, des élèves d’écoles polytechniques, des ex-séminaristes et quelques étudiants n’ayant pas achevé des études universitaires.

C’étaient des enfants de patriotes russes qui nous avaient éduqués dans l’esprit de l’époque, du début du XXème siècle. C’était l’époque qui suivit les victoires à la Pyrrhus de « Plevna et Chipka », après la paix victorieuse de « St Stefano » (qui mit fin à la guerre russo-turque de 1877-78, aboutissant à l’indépendance de la Serbie, de la Bosnie Herzégovine et de la Bulgarie, et là l’annexion par les Russes de la Bessarabie et de quelques autres villes du Caucase). Mais c’était aussi après le désastre de la guerre russo-japonaise et après la révolution de 1905, époque marquée par l’effervescence de la classe des ouvriers et fonctionnaires et de l’intelligentsia russe.

C’était aussi l’époque où on sentait venir la Révolution, et tout cela ne pouvait pas ne pas avoir de conséquence sur l’éducation de notre jeunesse.

Les opinions politiques et les sympathies de mes camarades de la 3-ème Compagnie pourraient se résumer par l’expression « monarchie constitutionnelle », bien que parmi nous, il y eu pas mal de « faux monarchistes ».

Finalement, je crois que le qualificatif « cadet»[2] pouvait caractériser assez correctement la véritable position politique de mes camarades.

Il faut cependant préciser que la majorité d’entre nous ne comprenait rien à la politique et n’avait pas, à proprement parler, d’activité politique.

Nos avions devant notre nez les études à finir, l’échec aux examens signifiant l’expulsion des Classes de gardes-marine. Le risque était réel : en 1915, 135 candidats ont été admis au lieu des 120 prévus par la norme officielle. A la sortie, en 1918, nous ne fûmes plus que 100.

Le système d’enseignement était du type à examens partiels. Chaque matière était découpée en parties, avec un examen pour chaque partie, puis un examen général pour l’ensemble de la matière, et à la fin des cours, eut lieu un examen général de sortie.

Mai 1916, début d’une sérieuse année d’études théoriques.

Ainsi commença une année difficile, entrecoupée d’examens partiels suivis d’examens généraux. La difficulté de ces études fût telle que de nombreux camarades (une bonne vingtaine) furent obligés de nous quitter en cours d’année et passer dans d’autres écoles militaires.

Notre vie suivit un rythme régulier : études du lundi matin jusqu’à samedi midi, et permission dès la fin du repas de samedi jusqu’à dimanche soir. Ceux qui étaient de Petrograd allaient généralement passer le « week-end » dans leur famille. Les autres traînaient en ville, revenaient à la caserne puis repartaient, au gré de leur volonté.

En général, nous sortions en groupes de quelques personnes. Lorsque nous étions dans la rue, le règlement prévoyait qu’en cas de rencontre d’un officier, d’un général ou d’un amiral, nous devions nous mettre en rang. Au passage de l’officier, à la distance règlementaire, chacun devait se figer sur place, faire un quart de tour à droite, saluer en suivant l’officier du regard, puis repartir après un quart de tour à gauche. Au début, cela nous amusa beaucoup de parader ainsi, surtout lorsqu’il y avait des jeunes filles de passage dans la rue.

Le salut militaire du garde-marine Rosoff (Album d’Ivan Rosoff)

Changement de la physionomie de Petrograd.

A partir de mai 1916, un changement important apparut dans l’aspect des habitants : la ville était remplie de soldats en capote grise, passant par la ville pour aller en permission dans leur famille.

Tous les hôpitaux de Croix Rouge de la capitale étaient envahis de blessés, arrivant sans cesse du front. L’organisation « Russkoe Zemstvo » s’occupait beaucoup du développement de la culture des militaires. Les blessés légers, étaient amenés par groupes dans les salles de cinéma. Et le choix des programmes était tout ce qu’il y a de plus « nationaliste ».

Je me souviens d’avoir un jour été au cinéma avec un groupe de camarades. A l’entrée, un grande affiche donnait le titre du film : « Le pauvre hère mourut à l’hôpital militaire » !

A l’intérieur, nous vîmes une salle remplie à 60% de soldats blessés, portant des pansements sur la tête ou le bras, ou tenant des béquilles entre les genoux, avec, pour la plupart, un visage triste et fatigué par les souffrances.

Tout ce public, fixait avec une attention sincère l’écran sur lequel on voyait souffrir l’héroïque soldat défenseur de sa patrie, pendant que le « tapeur » jouait avec conviction sur son vieux piano l’air de la vieille chanson d’avant-guerre dont le film avait repris le titre.

Nous vîmes dans cette scène, l’effet de l’action des organisations révolutionnaires clandestines, qui insufflait le doute et sapait la confiance des troupes et attaquait l’autorité du Pouvoir.

A cela, il fallait ajouter les mauvaises nouvelles du front, la trahison de l’arrière, l’insuffisance dans la production des obus des fusils, des cartouches et de tout ce dont avaient besoin les soldats du front.

On sentait l’approche d’une catastrophe nationale. Malgré la répression officielle, la prostitution et l’alcoolisme ajoutaient leurs effets démoralisants.

Et puis on vît apparaître les queues devant les magasins :les produits de première nécessité, le pain, la viande, le sel, le sucre etc… commençaient à manquer.

Et puis cela empira : le pain manquait, et il fallait faire la queue du soir jusqu’au petit matin sous la pluie ou la neige. Et c’est dans ces queues que commençait à naître et à s’exprimer de plus en plus le mécontentement, de la population, non seulement vis-à-vis de l’Administration mais aussi du régime politique. On commençait à chercher et porter des jugements sur les « responsables » de l’insuccès de la politique intérieure et extérieure. Les agitateurs révolutionnaires clandestins n’étaient pas inactifs et jetaient de « l’huile sur le feu ».

L’intelligentsia patriotique, de plus en plus déçue devant les insuccès du pouvoirs dans la conduite de la guerre, commençait à chercher des « boucs émissaires ».

L’assassinat de Raspoutine.

La nouvelle inattendue de l’assassinat de Raspoutine par le Prince Youssoupov, avait été accueillie avec joie par la plupart des patriotes russes.

Nous ne l’apprîmes que le lendemain soir alors que nous étions tous couchés dans le dortoir, lorsque vers 23 heures, un de nos camarades rentrant de permission fit irruption dans la salle en criant « Raspoutine a été tué par Youssoupov ! ». Nous fûmes tous excités par cette nouvelle que nous discutâmes tard dans la nuit. Et nous pensions que cet événement allait changer le cours des choses

La charge de travail ne nous laissait pas la possibilité de nous occuper de la politique. Presque chaque mois avaient lieu des examens partiels, matière par matière. Du matin au soir, c’étaient le bachotage ou les travaux pratiques, sans parler des gardes. Ce n’était que pendant des courtes récréations, que nous nous retrouvions dans le « fumoir » pour discuter des événements, ou parcourir les journaux, tous en fumant nos pipes bourrées de tabac odorant « Old english » ou « Capstein » acheté aux escales anglaise ou française lors de notre croisière dans le Pacifique.

Mi-été 1916, visite de mon père à Petrograd

Comme raconté plus haut, mon frère Fédor s’était engagé au 34-ème Régiment d’artillerie d’Ekaterinoslav, et en été 1916 il fut admis à l’Institut d’Artillerie de « Mikhaïl » à Petrograd.

Il ne fut pas seul à venir dans la capitale : en effet mon père y vînt aussi pour essayer de reprendre le service actif  et aller se battre contre les allemands. Sa demande fût cependant refusée, d’une part à cause de son âge, d’autre part parce qu’il était considéré comme nécessaire dans le poste important qu’il occupait à Ekaterinoslav.

Piotr Fedorovitch Rosoff

Pour ce qui concerne la jeunesse étudiante, la plupart s’étaient engagées dans les différentes écoles militaires mais au niveau du pays on ne peut pas dire qu’il y eu un grand élan patriotique. Pour vaincre les Allemands, il fallait organiser le front et l’arrière mais « le vent apportait à nos oreilles » des nouvelles plutôt mauvaises.

Ivan et Fedor Rosoff 1912

Nouvel An 1917

Le pays était fatigué. Il n’y avait plus de volonté pour se battre. Noël était passé sans qu’on s’en aperçoive, puis le Nouvel An 1917, il y avait dans la ville beaucoup de congères mais l’hiver n’est pas trop froid. En janvier et février, rien à signaler, des examens, puis des examens, avec devant nous la perspective de partir pour la deuxième navigation, en Mai.

Rapport du mitchman » Votre Excellence ! la « Révolution ! »

Fin février, j’étais en train de passer l’examen sur la déviation des compas. Nous étions dans une petite salle de classe. Outre l’Officier Navigateur, il y avait le Contre-amiral Frolov4Note PL : Frolov Sergeï Ivanovich, né en 1869. École navale en 1890. Contre-amiral, responsable des classes spéciales de gardes-marine. Décédé au printemps 1919 à Kiev (Source : S.V. Volkov). en personne. Pendant mon exposé, qui semblait bon à juger par le sourire sur la face du Commandant de l’Ecole, je vis, par la porte vitrée, le Michman P. Ejov, la face apeurée, frappant à la porte et demandant l’autorisation d’entrer.

A peine entré, très excité, Ejov débita son rapport « Votre Excellence ! la Révolution ! A la Gare de Nikolaev, une unité de cosaques s’est jointe aux manifestants avec des drapeaux rouges ! »

Gardant son calme, l’amiral Frolov lança « Que le trompette Perecypkine sonne le grand rassemblement ! », puis se retourna vers moi et me dit de continuer mon exposé. A la fin il dit « très bien » et me donna la note 12.

Le rassemblement se fit dans notre grande salle d’études. Après la commande « A vos rangs ! fixe ! ». D’une voix calme et posée, l’amiral annonça la « nouvelle » et donna ses ordres « retirer les cadenas des faisceaux de fusils dans le dortoir. Vous devez garder le bâtiment en cas d’irruption de la foule, dormir habillés et rester sur le qui-vive. ! Nous avons en tout 6 cartouches par fusil. Vous pouvez disposer. »

Après avoir enlevé les cadenas des fusils et distribué les cartouches, nous baissâmes les stores et restâmes dans le dortoir, parlant à voix basse et jetant souvent des coups d’œil par les fenêtres pour voir ce qui se passait dans la rue. Sur le fond blanc de la neige qui couvrait la rue, on voyait les silhouettes des passants, de plus en plus nombreux, qui se dirigeaient le long du Bolchoi Prospect, le long de la cathédrale de Saint basile le bienheureux,5Note PL : il s’agit en réalité de la Cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé qui ressemble à la cathédrale de Basile le bienheureux de Moscou.vers l’usine pyrotechnique qui se trouvait au bout de l’île Vassiliev sur laquelle se trouvait nos casernements. Même à travers le double vitrage de notre salle, on entendait le grondement des voix de la foule

Devant ce spectacle, nous nous demandions tous ce qui allait arriver. Pourrions-nous terminer nos études ? Tout cela finira-t-il sans effusions de sang ou serons-nous obligés de nous défendre contre la populace ? Tout habillés, nous nous endormîmes sur nos couchettes.

Nous apprîmes plus tard, que pendant notre sommeil, les événements ont continué à se développer. Dans certaines écoles militaires, les groupes révolutionnaires avaient fait irruption et avaient obligé les commandants à se joindre à la révolution. Il y aurait eu, dit-on, des morts, certaines des écoles tels que l’École d’ingénieurs de Nikola, les Écoles d’artillerie, d’infanterie de Pavel et le Corps des cadets de la Marine ayant héroïquement résisté par les armes aux attaques de la foule révolutionnaire.

Le lendemain matin, au réveil, nous constatâmes que les faisceaux de fusils avaient été à nouveau cadenassés la nuit par ordre du commandant des CSG. Nous dormions si profondément que nous nous en aperçûmes pas.

Manifestation de soldats en 1917

Vers midi, on pouvait voir que le « Bolchoï Prospect était rempli de milliers de manifestants avec des drapeaux rouges. Après quelques discussions, une délégation fut admise à rencontrer l’amiral Frolov. Celui-ci se tenait sur le palier du premier étage avec quelques officiers, tandis que nous étions tous massés derrière eux dans la corridor.

Nous vîmes alors arriver un groupe de manifestants, conduits par un meneur portant un bandeau rouge au bras. Celui-ci prit la parole pour demander au commandement des classes des gardes-marine de se joindre à la révolution et remettre les armes, et il fallut un bon moment pour leur expliquer que la canon Canet que les manifestants avaient vu à l’entrée ne pouvait pas servir à tirer dans la rue, car au premier coup, le bâtiment lui-même se serait écroulé.

En fait, dans la nuit, suite aux conversations téléphoniques avec le Ministre de la Marine Grigorovitch, ordre avait été donné d’agir avec tact, diplomatie et modération, et d’éviter tout heurt avec les manifestants.

Amiral Grigorovitch, Ministre de la Marine (Collection A. V. Plotto)

C’est pour cette raison que la nuit, pendant que nous dormions profondément, ordre avait été donné de cadenasser les faisceaux de fusils en attendant qu’ils soient remis au Ministère de la Marine. Cependant, pour calmer la foule, toujours amassée devant la caserne, et pour préserver nos jeunes vies de toute provocation, il fut annoncé que tous les gardes-marine seront sans délai envoyés en permission dans leurs familles pour quelques jours. Il faut dire nous avions établi des relations de bon voisinage avec les habitants du quartier qui considéraient les gardes-marine avec un œil plutôt bienveillant.

Plus tard, après s’être présenté au rapport pour la permission, nous sortîmes dans la rue, toujours pleine de monde. Beaucoup d’entre-nous ne se sentaient pas très à l’aise dans cette atmosphère révolutionnaire.

Notre groupe (comportant notamment Youdine, Romanov, Ossinovski et Yourkevitch) coupa la foule, sortit sur le Bolchoï Prospect et se dirigea vers le cimetière de Volkovo où nous nous promenâmes pendant un couple d’heures.

La résistance au mouvement révolutionnaire. Le siège des « pharaons »

De tous les côtés on entendait des coups de feu. Des « pharaons » (c’est ainsi que les foules révolutionnaires appelaient les policiers), sentant l’animosité de la foule, s’étaient retranché sur les toits des maisons et arrosaient les alentours avec des mitrailleuses. Dû aux angles morts, cette fusillade n’atteignait personne. Pendant ce temps, la foule entreposait des matériaux combustibles autour des maisons, les arrosait de pétrole et allumaient des incendies, forçant les ennemis de la révolution à se suicider ou se rendre.

Barricades sur le Liteïnyï Prospekt en 1917 (Collection privée)

La répression de la résistance des policiers fut menée sans pitié par les soldats et les cosaques qui avaient quitté l’armée et s’étaient joints aux révolutionnaires. Le long du Bolchoï Prospect, on voyait, ici ou là, notamment à côté des postes de police, des policiers (des chefs ou des simples sans-grade) pris par les mutins et pendus aux arbres.

On entendait des salves de fusil et de mitrailleuses. Dans les commentaires entendus dans la foule, on parlait de la résistance acharnée de l’Ecole des cadets de la Marine ainsi que de l’Ecole d’infanterie de Pavlov.

Par contre, d’autres écoles militaires, notamment celles crées en temps de guerre, avec des cours accélérés de quatre mois, commençaient à se joindre aux révolutionnaires.

Le soir commençait à tomber et il était temps de penser à la nuit. Notre groupe commençait à se réduire, chacun se dépêchant de trouver son point de chute habituel. Quant à moi, je quittai l’île Vassilevski et me dirigeai vers la rue de Gatchina où habitait l’oncle Sacha chez qui j’avais l’habitude de passer mes nuits de permissions.

Vue de l’île Vassiliev (Collection privée)

Sur les rives, du côté de Petrograd, la situation était plus calme, quoique la résistance des « Pharaons » n’était pas encore mâtée partout. On voyait des groupes de « pharaons » prisonniers, convoyés par des miliciens. Quelques temps plus tard, après l’établissement du Gouvernement provisoire de la République de Russie de6Note PL : Kerenski n’était que ministre de la justice. Le premier gouvernement provisoire avait pour président du Conseil des ministres le prince Lvov.tous ces prisonniers policiers furent envoyés dans l’Armée Active, au front.

Dans les jours suivants, la résistance locale au mouvement révolutionnaire diminua. La fusillade se calma. Dès les premiers jours de la Révolution, la circulation des tramways fut arrêtée. Heureusement l’hiver 1917 fut relativement peu rigoureux, quelques degrés au dessous de zéro seulement, et le mois de février fut particulièrement doux. Evidemment, dès les premiers jours de la révolution, les rues ne furent plus nettoyées et la circulation était très difficile dans la neige encombrant les trottoirs, parfois jusqu’aux genoux. Il n’y avait que des piétons et des traîneaux dont les cochers faisaient des affaires d’or.

Sur les glaces de la Néva.

La Révolution du 1er mars 1917

Au moment de la Révolution du 1er mars, dite alors « Révolution non sanglante »,7Note PL : révolution non-sanglante : ce qualificatif avait été donné à la « révolution » d’octobre et non à celle de février, par ailleurs si cette dernière révolution n’avait pas été sanglante à Pétrograd, il y a eu environ mille morts à Moscou. avec la prise de pouvoir par Kerenski, la ville changea de visage et pris un aspect triste et sombre. Il y eu le manifeste d’abdication de Nicolas II, appelant tous les officiers, soldats, marins, et tout le peuple russe, à servir la patrie et la défendre contre l’ennemi extérieur.

Beaucoup avaient les larmes aux yeux et le cœur serré. Que deviendront nous si l’Armée refuse de défendre le pays et abandonne le front.

Goutchkov dans son bureau (photo de mars/avril 1917, collection privée)

L’ordre N°1 du ministre de la Guerre8A noter qu’en fait l’Ordre N°1 fut élaboré et signé non pas par Goutchkov, mais par le Soviet des ouvriers (ajout PL pour la suite) et des soldats de Petrograd le 14 mars 1917 pour la région militaire de Petrograd.fut le coup de couteau dans le dos donné par la révolution à notre patrie. Cet ordre, comportant parmi différentes mesures la suppression des épaulettes des officiers, les mélangeant à la troupe, et la création des Comités dans les régiments, prenant le commandement effectif des troupes a tué la pureté du patriotisme du peuple russe, le conduisant vers la guerre civile fratricide. Les slogans révolutionnaires des activistes de la révolution « Paix sans annexion ni dommages de guerre » conduisait à la fraternisation de nos troupes avec l’ennemi allemand et à la débâcle morale de l’Armée active.

L’ordre de Goutchkov, conduisit inévitablement à la diminution de la résistance militaire au mouvement révolutionnaire. Petit à petit, les organisations civiles et militaires se dirigèrent vers la Douma d’état pour apporter le serment de loyalisme au nouveau Gouvernement provisoire républicain de Kerenski. Et notre école de gardes-marine fut de ceux là ! Le temps était gris et la neige commençait à fondre sur les trottoirs. Notre compagnie marchait entre les flaques d’eau en essayant de garder les rangs à peu près alignés. La route fut longue de notre île jusqu’à la Douma. Nous entrâmes dans le bâtiment en rangs, mais au pas libre. Dans le hall, parmi les miliciens, il y avait des jeunes filles, portant brassard rouge et distribuant des sandwichs gratuitement à tous ceux qui faisaient queue pour prêter allégeance au Gouvernement. Nous apprîmes que parmi ces jeunes filles, il y avait de nombreuses lycéennes des « Collèges Bestoujev » (collèges réservés aux jeunes filles de la noblesse). C’est fou le nombre de « nouveaux révolutionnaires » qui apparurent en ces premiers jours de la révolution !

Ce fut enfin notre tour : nous entrâmes dans une pièce du premier étage où se trouvait un membre du Gouvernement, le député Perevertsev. Après quelques minutes de conversation, il nous quitta pour accueillir d’autres délégations. Le lendemain, nous apprîmes que le même jour s’était présentée une Compagnie de « L’Equipage de la garde », conduite par le Grand-Duc Cyril Vladimirovitch, et que la Compagnie portait le drapeau rouge (je ne fus pas moi-même témoin de cette scène mais je l’ai notée car elle fut racontée par des amis, témoins de bonne foi).

En supposant ce fait véridique, je pense que le Grand-Duc a bien fait. Plus tard, dans l’émigration, cet épisode fut beaucoup discuté et critiqué : on disait aussi que le Grand-Duc portait lui-même un énorme brassard rouge. Tout cela témoignait du fait que les habitants de Petrograd étaient enfin entrés dans cette époque, si longtemps attendue, d’un changement vers un régime républicain démocratique,9Note PL : parti des démocrates constitutionnels, centre, parti patriotique, mais opposé au gouvernement et favorable à la « révolution » de février.incarné pour le moment par le Gouvernement provisoire de Kerenski.

Quant à l’Armée, c’était la décomposition morale complète, et sous l’effet des slogans « Paix aux chaumières-guerre aux palais », les soldats commençaient à abandonner le front.

Le nouveau gouvernement, avec Kerenski à sa tête, faisait de grands efforts pour essayer d’enrayer cette débâcle, notamment en faisant appel à des volontaires, prês à défendre le pays dans le cadre d’unités dits « Bataillons de la mort ».

Bataillon féminin de choc « Bataillon de la mort » 1917 à droite le sous-lieutenant Botchkariova, fondatrice du régiment (Source : smolbattle.ru)

Kerenski inspectant les troupes (Collection privée)

Dans la ville, la situation semblait se stabiliser vers une certaine normale, mais les queues devant les coopératives étaient loin de disparaître.

Après quelques jours de permission, notre vie d’étudiants des Classes spéciales de gardes-marine reprit aussi son cours normal. Nous reprîmes à fond les cours, les répétitions et les examens. La prochaine étape était en vue : en mai (1917), nous devions reprendre la mer pour la seconde et dernière croisière d’officiers.

Kerenski haranguant les soldats (Collection privée)

Promotion en qualité de « garde-marine senior »

Après la promotion de la compagnie des gardes-marine seniors au grade de Mitchman : cette promotion de 1917 (correspondant à la seconde promotion admise en 1914) reçut le nom « Première Promotion de la Russie Libre » notre seconde compagnie (admise en 1915) fut appelée première compagnie de gardes-marine sénior et j’étais parmi ceux promus au rang de sous-officier (j’étais le 14-ème).

Dans cette promotion il y eu deux mitchman qui devinrent célèbres plus tard :

L’un était le Michman F.F. Ilïïne qui fut connu sous le pseudonyme bolchevique « Raskolnikov »  (écrivain, diplomate, commandant de la flottille de la Caspienne, puis commandant de la Flotte de la Baltique, ambassadeur en Afghanistan, Estonie, Bulgarie et Danemark. En 1939, fuyant la répression stalinienne, il vécut en France où il fut assassiné dans des conditions restées mystérieuses)

Le deuxième personnage était  I.I. Issakov qui devint en 1937 commandant de la Flotte Baltique, pendant la 2-ème guerre mondiale chef d’état-Major de la Marine puis en 1955, amiral Commandant en Chef de la Flotte.

Le garde-marine senior Ivan Rosoff.

  • 1
    Note PL : Saint Pétersbourg a été renommé Pétrograd en 1914 sur décision de l’Empereur Nicolas II, l’ancienne appellation ayant été jugée trop allemande.
  • 2
    Note PL: KAPLINSKY Andrei. Classes spéciales de gardes-marine en 1918. Dans l’armée des volontaires et les FASR. Mitchman. A l’été 1921, en Yougoslavie. Dans l’émigration. Décède après 1929 (source : S.V. Volkov).
  • 3
    ,Note PL : PESLIAK Victor Frantsevich, né en 1896. Classes spéciales de gardes-marine en 1918. Dans les FASR et l’Armée russe avant l’évacuation de la Crimée. Mitchman (24 février 1918). Au 25 mars 1921, dans l’Escadre russe à Bizerte. Emigré en Tunisie en 1938. Décède en 1983 en Tunisie (source : S.V. Volkov). Né en 1896 à Koursk, mitchman dans les transmissions, évacués avec son épouse sur le transport Cronstadt, en novembre 1929 et janvier 1921, dans le camp de Djebel Djelloud en juillet 1921, en octobre 1921 à Tunis, travaille en qualité d’architecte. Son épouse Valentina Ivanovna née Sokolova en 1900 à Koursk, décède en 1952 à Tunis) une fille et une petite fille Sapounova qui vit à Saint Petersbourg (Source A. V. Plotto).
  • 4
    Note PL : Frolov Sergeï Ivanovich, né en 1869. École navale en 1890. Contre-amiral, responsable des classes spéciales de gardes-marine. Décédé au printemps 1919 à Kiev (Source : S.V. Volkov).
  • 5
    Note PL : il s’agit en réalité de la Cathédrale du Saint-Sauveur-sur-le-sang-versé qui ressemble à la cathédrale de Basile le bienheureux de Moscou.
  • 6
    Note PL : Kerenski n’était que ministre de la justice. Le premier gouvernement provisoire avait pour président du Conseil des ministres le prince Lvov.
  • 7
    Note PL : révolution non-sanglante : ce qualificatif avait été donné à la « révolution » d’octobre et non à celle de février, par ailleurs si cette dernière révolution n’avait pas été sanglante à Pétrograd, il y a eu environ mille morts à Moscou.
  • 8
    A noter qu’en fait l’Ordre N°1 fut élaboré et signé non pas par Goutchkov, mais par le Soviet des ouvriers (ajout PL pour la suite) et des soldats de Petrograd le 14 mars 1917 pour la région militaire de Petrograd.
  • 9
    Note PL : parti des démocrates constitutionnels, centre, parti patriotique, mais opposé au gouvernement et favorable à la « révolution » de février.

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